Opinions – Initiative sur l’augmentation des surfaces de biodiversité – Votations du 22 septembre
Que penser de l’initiative sur la biodiversité
Daniel Ruch, Conseiller national et syndic de Corcelles-le-Jorat | En préambule rappelons que le comité d’initiative veut :
déclarer les paysages, les sites, les lieux historiques de même que les monuments naturels et culturels comme objets protégés officiels et pratiquement intouchables.
• limiter l’utilisation des surfaces et du patrimoine bâti, y compris en dehors des objets protégés officiels
• réserver davantage de surfaces à la biodiversité
• allouer davantage de ressources financières à la biodiversité.
Le Conseil fédéral et le Parlement rejettent l’initiative biodiversité, estimant qu’elle va trop loin. Son acceptation limiterait fortement la production (durable) d’énergie et de denrées alimentaires, restreindrait l’utilisation des forêts et des zones rurales pour le tourisme et renchérirait la construction. L’approvisionnement du pays en produits indigènes se retrouverait affaibli et les importations d’énergie, de nourriture et de bois augmenteraient. De plus, les cantons et les communes verraient leurs compétences et leur marge de manœuvre réduites.
Les raisons de voter NON – Objectif inatteignable
L’initiative biodiversité va trop loin en visant à protéger de vastes surfaces de la Suisse, les rendant pratiquement intouchables. Son acceptation aurait des répercussions importantes sur divers domaines, notamment la sécurité de l’approvisionnement tant en nourriture qu’en énergie renouvelable. La dépendance vis-à-vis de l’étranger augmenterait de manière plus que significative. Pensez, selon un communiqué de Pro Natura, seuls 8 % de la surface du pays est actuellement suffisamment protégés, alors que l’initiative tend à atteindre un quota de 30 % de surface protégée. En clair, cela signifie qu’il manquerait une surface équivalente à celle des cantons de Berne, Fribourg, Neuchâtel et Soleure réunis pour répondre aux objectifs de l’initiative.
Mais reprenons, point par point, les principaux arguments qui militent pour un rejet de cette initiative.
Si l’on parle d’énergie
La création de vastes zones protégées entraînerait des conflits avec l’approvisionnement en énergie indigène durable. De nouveaux projets ou l’expansion de projets existants deviendraient impossibles, affectant particulièrement la production d’énergies renouvelables. La mise en œuvre de la stratégie énergétique suisse serait entravée, nuisant ainsi à la sécurité d’approvisionnement et augmentant les prix de l’électricité.
Pour l’agriculture
Actuellement, 19 % des surfaces agricoles sont dédiées à la biodiversité, bien au-delà des 7 % requis pour les paiements directs. Les familles paysannes, déjà engagées volontairement dans cette démarche, optimisent la qualité des surfaces existantes. Réserver davantage de terres cultivables fertiles à la biodiversité réduirait la production alimentaire indigène et augmenterait la dépendance vis-à-vis de l’étranger. Cela va à l’encontre du débat sur la sécurité de l’approvisionnement et la sécurité alimentaire.
Filière du bois serait également péjorée
L’acceptation de l’initiative imposerait de nouvelles restrictions à l’économie forestière en étendant les réserves forestières où toute intervention sylvicole est interdite. Les mesures déjà mises en œuvre par la sylviculture pour améliorer la biodiversité seraient ignorées et les importations de bois augmenteraient en raison de la demande croissante en construction et chauffage durable.
Propriétaires fonciers et entreprises verraient aussi leurs conditions cadres se détériorer
En effet, l’initiative toucherait également les zones d’habitation, les PME, les industries et les propriétaires fonciers en augmentant les exigences en matière de culture du bâti. Cela alourdirait les procédures de permis de construire et augmenterait les coûts. Le transfert des compétences de mise en œuvre des cantons à la Confédération réduirait la flexibilité tenant compte des spécificités régionales ou encore locales empêchant des solutions adaptées au site.
Le tourisme, sport et loisirs n’y trouveraient pas non plus leur compte
Relevons que le tourisme suisse est déjà engagé dans des pratiques responsables et qu’il pourrait voir la réalisation de nouvelles infrastructures touristiques entravées. Les projets nécessitent actuellement des autorisations coûteuses et l’initiative limiterait encore davantage ces réalisations. Les restrictions affecteraient également les activités sportives et de loisirs dans la nature.
Et, finalement, la mise en œuvre de cette initiative n’irait pas sans provoquer des coûts plus importants
Les pouvoirs publics seraient confrontés à des dépenses supplémentaires estimées à l’heure actuelle à une augmentation de 375 à 440 millions de francs par an.
C’est pour ces raisons que je vous encourage à refuser cette initiative.
Egoïstes et inconscients
Jean-Rémy Chevalley, Municipal et député, Puidoux | Les auteurs de l’initiative sur la biodiversité qui veulent faire de notre pays une sorte de réserve naturelle en encourageant les importations et en poussant notre pays vers une totale dépendance de l’étranger sont très égoïstes. Preuve en est le texte faisant réponse à une question concernant les forêts :
Je cite : « La Suisse importe déjà beaucoup de bois de l’étranger et même sans l’initiative elle sera incapable de palier à la demande croissante du bois énergie sans porter atteinte à nos forêts »
Cela prouve bien l’égoïsme qui caractérise cette initiative, détruisons la forêt chez les autres mais préservons la nôtre ! Bel esprit ! !
Cette initiative condamne à court et moyen terme bon nombre d’exploitations agricoles, bien sûr on veut indemniser les paysans pour leurs prestations en faveur de la biodiversité, mais l’argent ne remplace pas la nourriture et la motivation qui caractérise le monde rural à produire de la nourriture pour nos concitoyens. La Suisse a déjà un taux d’approvisionnement extrêmement bas, en ces temps complexes ou une grave crise voire une guerre menace l’Europe, vouloir affaiblir notre taux d’auto-approvisionnement tient de l’inconscience, de plus cette initiative va encore promouvoir le tourisme d’achat et les importations étrangères au détriment de la biodiversité des pays qui exportent vers la Suisse.
Nous avons un pays magnifique avec une diversité de production agricole incroyable, les normes concernant l’agriculture sont les plus sévères du monde, le respect de la biodiversité fait partie du travail quotidien de nos exploitations, nous produisons une nourriture de qualité, notre eau est potable sur l’ensemble du territoire.
Arrêtons de nous voiler la face et de vouloir nous donner bonne conscience en mettant en place des règlementations et des lois absurdes et en ignorant les effets réels à long terme d’une telle hypocrisie.
Votez massivement NON le 22 septembre prochain