Opinions
Formule Lavaux

Frédéric Meuwly, Chexbres | Me balader de Chexbres à Cully par la corniche est une promenade que j’affectionne particulièrement par un beau dimanche ensoleillé. Cependant, cette trotte est de plus en plus entachée par ceux qui la fréquentent également, mais en mode circuit. Grosses berlines, noir mat, supers motards aux échappements libres, ce tronçon se transforme en défouloir à chevaux-vapeur pour des individus qui, pour la plupart, n’y habitent pas et n’y séjournent pas. S’ils s’arrêtent, c’est parfois pour siffler une canette de bière en clichant leurs rutilantes montures, les alpes savoyardes en arrière-plan.
Je reconnais que cette chaussée est attractive. Elle serpente comme une route de montagne, elle offre un panorama de rêve sur le plus grand lac d’eau douce d’Europe et elle trace au sein de terrasses classées au patrimoine de l’Unesco. Le problème, c’est qu’elle est partagée par une foultitude de piétons, de cyclistes, de poussettes, de touristes en mode selfies sans compter ceux qui cherchent à parquer sur les quelques aires de stationnement. En tant que vieux motard apaisé, j’ai juste envie de la fréquenter en pédale douce, histoire de déguster moi aussi les charmes de ses lacets tout en évitant les accidents.
Effectivement, si Chardonne impose d’être traversée à la sage vitesse d’un cheval au trot, elle est bornée de part et d’autre par des panneaux de fin de zone à 50 km/h que l’inexpérience de certains convertit en drapeau à damier. Encore combien d’accidents, parfois fatals, faudra-t-il avant que se lève une ère où cette pratique asociale, assourdissante et dangereuse soit reléguée aux fastes d’un temps passé! Si une certaine forme de raison n’affecte pas naturellement les chauffards concernés, pourquoi ne pas limiter cette zone à la vitesse intra-urbaine, la joncher de chicanes fleuries ou de capites à dégustation de vin ?
Ce sera toujours plus sympa que de décompter les écorchés en fin de saison !
Votation cantonale du 18 juin : non à une initiative aux conséquences risquées

Florence Gross, Députée PLR | Nous sommes appelés aux urnes le 18 juin prochain. Outre les 3 objets fédéraux, nous devons nous prononcer sur une initiative cantonale « Pour la protection du climat ». Si un objet fédéral est également lié à cette cause, je ne donnerai ici que les raisons qui me poussent à refuser cette initiative vaudoise.
L’objectif de ce texte est d’inscrire, dans la Constitution vaudoise, la protection du climat et de la biodiversité, sous prétexte « d’urgence climatique ». A une époque où nous vivons, parfois malheureusement dans l’immédiateté absolue, cette notion d’urgence a-t-elle encore raison d’être ? Je m’interroge. Cette urgence climatique revient au Parlement vaudois dans la quasi-totalité des débats. Elle a poussé récemment à l’interdiction des chauffages électriques. En parallèle, elle incite à prôner les voitures… électriques. Paradoxe, quand tu nous tiens…
Comment les initiants pensent-ils parvenir à la protection du climat et de la biodiversité, telle que visée par le texte ? Majoritairement par des interdictions et des taxes, j’en reste persuadée. Par quelles actions les activistes du climat communiquent-ils ? Mains collées à l’autoroute, perturbation du trafic aérien, ZAD et autres occupations de terrains privés, destructions d’œuvres d’art, déprédations de bâtiments bancaires et de terrains de golf et j’en passe. Pire encore récemment, c’est profiter de telles actes pour insulter vivement le corps de police. Inscrire l’urgence climatique dans la Constitution, tel que souhaité par ce texte, c’est avaliser ces actions, que les initiants considèrent comme « pacifiques ». Ces considérations ne sont pas les miennes.
Non, je ne suis aucunement climato-sceptique. Mais l’inscription d’un concept à la mode dans la Constitution ne permettra pas, selon moi, d’atteindre les objectifs très ambitieux de neutralité carbone d’ici 2050 ni les objectifs de l’Accord de Paris. Car ceux qui crient à l’urgence, sont les mêmes qui bloquent tout projet tels éolienne, nouvelle génération de nucléaire, barrages, parc solaire, etc. Les mêmes qui font opposition, dans les communes, lors de procédures visant à l’installation de panneaux photovoltaïques et pompes à chaleur. Des projets qui permettraient à notre pays une plus grande souveraineté énergétique tout en garantissant l’objectif écologique requis.
Plus concrètement, avec son Plan Climat déjà adopté, le Conseil d’Etat répond déjà aux demandes de l’initiative. Les nombreuses mesures prévues dans le programme de législature le prouvent. Rappelons que ce texte n’a su convaincre qu’une faible majorité du Grand Conseil avec 77 oui soit 57 %, 52 non et 6 abstentions. De plus, l’initiative impose un certain nombre de principes aux communes, qui verront à nouveau, leur degré d’autonomie faiblir. Je ne m’étends même pas sur l’impact d’un tel texte sur la BCV.
Le dogmatisme ne suffit pas dans un combat d’idées. Osons entreprendre, innovons. Ayons confiance en nos entreprises. Mais surtout : simplifions, proposons, incitons, exonérons ! Une politique volontariste doit être menée, en aucun cas des interdits. La pose de panneaux photovoltaïques ou de pompe à chaleurs ne doit plus être un chemin de croix emplis de demandes d’autorisations longues et onéreuses pour mener trop souvent à des oppositions.
Deux Oui pour le climat le 18 juin

Jean-Luc Kissling | A l’invitation de la Municipalité d’Oron, un atelier participatif a été organisé le 23 mai. Il avait pour thème le Plan énergie et climat communal (PECC) et pour but de recueillir des propositions de mesures tangibles. En ouverture, Olivier Sonnay, syndic, a exprimé la « ferme volonté » de la Municipalité de mettre en œuvre un tel plan. On peut se féliciter de cette ambition et en remercier notre exécutif. Les PECC, soutenus par le canton, s’inscrivent dans l’Accord de Paris, ratifié par la Suisse en 2017. Concrètement, il s’agit pour les 196 nations signataires de réduire de moitié les émanations de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2030, en vue d’atteindre en 2050 des rejets nets à zéro. Ce faisant, on limitera le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport à la température moyenne d’avant l’utilisation massive des énergies fossiles. Avec l’appui du canton, les communes intéressées peuvent mettre en œuvre des mesures visant localement ces objectifs de réduction.
Selon les statistiques de l’Office fédéral de l’environnement, notre pays a réduit ses émissions de GES en 2021 (derniers chiffres disponibles) de 18.2 % par rapport à l’année de référence 1990. A ce rythme d’escargot, il faudrait attendre la fin du siècle avant d’avoir réduit nos émissions de 50 %. De quoi cuire sous le réchauffement, subir éboulements et inondations, rendre infernale la vie des générations futures. C’est pour éviter de telles conséquences que nous devons, ici en Suisse, comme ailleurs dans le monde, adopter des attitudes positives et déterminées contre le réchauffement du climat.
Tel est le but de la « Loi fédérale sur les objectifs en matière de protection du climat, sur l’innovation et la sécurité énergétique » (LCI), appelée aussi loi climat, sur laquelle nous devons nous prononcer le 18 juin prochain. La LCI ne nous impose aucune nouvelle taxe, ni interdiction. Au contraire, elle alloue des ressources nouvelles de 3,2 milliards de francs sur dix ans, montant prélevé sur la caisse fédérale. La LCI fixe des mesures concrètes : pour les entreprises, 200 millions par an jusqu’en 2030 en soutien aux technologies innovantes préservant l’environnement. L’innovation, c’est la créativité, le moyen pour les industries et les services de se démarquer de la concurrence et de gagner des parts de marché ; l’innovation, c’est le plus souvent le succès. Deux cents autres millions encourageront le remplacement des chauffages au gaz et au mazout par des énergies renouvelables. L’indépendance et l’autonomie de notre pays est une valeur précieuse aux yeux des Suissesses et des Suisses. Or la dépendance de nos ménages et entreprises au gaz et au pétrole est une atteinte à notre autonomie. Chaque année, notre pays achète pour 8 milliards de francs d’énergies fossiles à des pays instables, dont la Russie, la Lybie, le Nigéria… Libérons-nous de cette tutelle !
Investir dans la production d’énergies renouvelables, dans l’isolation des bâtiments, dans des solutions innovantes, par exemple pour la captation de CO2, telles sont les opportunités qu’offre la LCI pour les entreprises et les start-up. Soutenir les ménages et les entreprises dans la conversion des chauffages vers des calories durables, voilà qui offre d’importantes possibilités d’économies, pour peu qu’on prenne la peine de calculer un peu plus loin que le bout de son nez. De plus, la loi prévoit des mesures de protection contre les risques climatiques, en particulier en faveur de l’agriculture.
Quant à l’initiative populaire vaudoise « Pour la protection du climat », elle poursuit les mêmes objectifs au plan cantonal.
Un but, des objectifs, des ressources, plus de sécurité énergétique, plus d’indépendance, un climat sain pour nos descendants, glissons dans les urnes un double OUI pour le climat le 18 juin prochain.