Opinion – Initiative soins infirmiers :Seul le contre-projet pourra apporter des réponses immédiates aux requêtes justifiées
Florence Gross, Députée PLR | Nous ne pouvons pas nier que la situation du personnel soignant en Suisse est préoccupante. Pénurie de personnel, formation mal ciblée, conditions de travail peu attractives, formation insuffisante, etc. La Confédération ne peut toutefois pas tout régler et c’est la raison du contre-projet.
Inscrire dans la Constitution le renforcement d’un seul groupe professionnel risque d’ouvrir la porte à d’autres et engendrerait des inéquités. Les conditions de travail dépendent de négociations entre les partenaires sociaux et non d’une inscription constitutionnelle. Donner cette prérogative à l’Etat engendre un grand nombre de risques. L’exemple de la revalorisation salariale des professionnels du secteur parapublic de la santé dans le canton de Vaud le prouve.
En 2019, le Conseil d’Etat s’est engagé à contribuer et donc à prendre part à la décision de celle-ci. Or, n’en résultent que des déceptions chez le personnel soignant qui n’a pas – ou que trop peu – vu son revenu augmenter alors que les professionnels du secteur de l’intendance et les cuisiniers ont, eux, largement bénéficié de cette revalorisation. Plus de 13 millions de l’Etat pour un résultat décevant et qui n’atteint pas sa cible.
Pire encore; il existe un risque important de voir la rémunération des infirmières et infirmiers baisser dans les cantons romands en cas d’acceptation de l’initiative. En effet, la formation dans les cantons romands est principalement de niveau HES alors qu’il est de niveau ES en Suisse alémanique, soit un niveau inférieur. Dès lors, une baisse des conditions salariales du personnel romand pourrait résulter d’une gestion des conditions salariales déléguées à la Confédération.
Le contre-projet proposé permet de répondre à la grande majorité des demandes des initiants. Il permettra de plus une mise en œuvre bien plus rapide. Les cantons et la Confédération se sont déjà engagés à financer plus d’un milliard sur 8 ans afin de renforcer la formation. Ce montant n’est absolument pas garanti en cas d’acceptation de l’initiative. Le contre-projet permettra aussi de renforcer les compétences des infirmières et infirmiers qui pourront effectuer des prescriptions directes de certaines prestations de soins.
Pour résumer, hormis les dispositions relatives aux conditions de travail, qui selon moi ne doivent pas être inscrites dans la Constitution, le contre-projet répond à l’ensemble des demandes des initiants et permettra une mise en œuvre plus efficace et surtout plus rapide. Je vous invite donc à refuser cette initiative afin que ce contre-projet puisse être mis en place.