Opinion
L’opposition à la Loi sur le climat, entre désinformation et déni de réalité

Jean-Daniel Bonjour, Conseiller communal Savigny | La Loi sur le climat, soumise au vote le 18 juin, fait l’objet d’un large consensus. Acceptée par une grande majorité du parlement, elle bénéficie du soutien des cantons, des milieux économiques et du monde agricole (USP, Prométerre, Uniterre, Association petits paysans, IP-Suisse, BioSuisse). C’est un compromis pragmatique et responsable rassemblant tous les partis, à l’exception de l’UDC qui a lancé le référendum.
Par une campagne de désinformation massive, les opposants jouent sur la peur, avec des slogans simplistes et des affirmations erronées. En premier lieu ils brandissent le spectre des interdictions (véhicules à essence, chauffages au mazout) alors que rien de tel ne figure dans la loi. Celle-ci vise plutôt à accélérer la transition énergétique par des incitations : aide de 200 mio/an sur 10 ans pour remplacer les chauffages polluants, et 200 mio/an sur 6 ans en faveur des entreprises investissant dans des technologies propres, le tout financé par la caisse fédérale (dont les recettes approchent
80 milliards/an) sans aucune taxe.
Les opposants affirment que la loi entraînera un gaspillage d’électricité et menacera la sécurité énergétique du pays. Or la guerre en Ukraine a au contraire démontré à quel point notre dépendance énergétique vis à vis de l’étranger est dangereuse, la pénurie de gaz russe et les défaillances du parc nucléaire français ayant engendré une forte hausse des tarifs d’électricité. Nous payons donc cash le retard pris ces dernières années dans le développement des énergies renouvelables.
La décarbonation et l’électrification de notre société sont inéluctables, non seulement pour le climat mais aussi parce que c’est une opportunité économique ! Les nouvelles technologies sont en effet bien plus efficientes et moins onéreuses que les énergies fossiles. À titre d’exemple, une pompe à chaleur est 4x plus efficace qu’un chauffage au mazout ou électrique, entraînant ainsi une diminution des charges (d’où le soutien à la loi par l’Association suisse des locataires). De même s’agissant de la voiture électrique qui est 3-4x plus efficiente que la voiture à essence. Or le potentiel de croissance des énergies renouvelables en Suisse est encore énorme. Au niveau photovoltaïque notamment, on pourrait produire 15x plus en équipant tous les toits propices au solaire, soit 50 TWh/an. À titre de comparaison, l’électrification de tout le parc automobile n’en consommerait que le tiers (10-15 TWh/an).
L’objectif de neutralité carbone, défini par la loi à 2050 (conforme à notre ratification de l’Accord de Paris en 2015), impliquera bien entendu des investissements. Mais l’inaction coûterait à terme bien plus cher. Certains opposants crient aussi à la perte de compétitivité de notre pays et la menace sur l’emploi, alors qu’au contraire la transition énergétique génère des emplois et crée de la valeur locale… tandis que les énergies fossiles enrichissent les pétromonarchies et financent des conflits.
Qu’est-ce qui anime les détracteurs de cette loi, sinon la peur du changement et la nostalgie d’un sonderfall helvétique révolu. Un déni de réalité aussi, en esquivant la crise climatique et la nécessité de la transition énergétique. Et finalement un populisme à visée électoraliste, à la veille des élections fédérales de cet automne.
Nos jeunes ont besoin d’un narratif positif et qui fasse rêver. Pensons donc à eux le 18 juin en acceptant cette loi-cadre tournée vers l’avenir et donnant des orientations claires à la société !