« Volunteer » – Naissance d’un mouvement citoyen
« Volunteer » documentaire de Anna Thommen et Lorenz Nufer
Le film suit la naissance d’un mouvement citoyen défendant les valeurs humanitaires, celles dont se revendique l’Union Européenne peinant à les appliquer aux frontières de la mer Egée.
Colette Ramsauer | Un fermier, une retraitée aisée, un comédien de renom, un capitaine de l’armée, d’autres citoyens suisses quittent leur vie ordonnée pour venir en aide aux réfugiés sur l’île de Lesbos. A la frontière macédonienne, ils poursuivent leur mission dans les camps aux scènes apocalyptiques. De retour au pays, les protagonistes racontent la gorge serrée ce qu’ils ont vécu.
Débarquements chaotiques
En 2015, alors qu’aucune organisation humanitaire n’avait été mise en place pour accueillir les réfugiés de guerre qui arrivaient par centaines de Turquie par la mer, un couple suisse indigné décide de réagir. A Mytilène, Michael Räber, de Munzingen, et son épouse ne se rendaient pas compte de ce qui les attendait. Leur premier pas, après avoir découvert une foule de démunis squattant sur un square de la ville, fut d’acheter le stock entier de bretzels au foúrnos. « Pour la première fois, je me rendais compte ce que représentait de distribuer des vivres à des affamés » dit-il face caméra. De retour en Suisse, le couple décide de repartir avec des proches afin de prêter main forte aux arrivées chaotiques sur les rives de l’île. Suivront d’autres volontaires ayant répondu aux annonces de détresse.
Témoignages poignants
Le documentaire est saisissant. On n’oublie pas les cris provenant des zodiacs au milieu de la nuit, ni le témoignage poignant de Thomas Hirschi de retour dans sa ferme bernoise. Ni celui de Michael Grossenbacher qui tente, comme d’autres, de faire admettre sa démarche à ses proches. Présentateur, comédien, bien connu en Suisse alémanique, il se retrouve à maintes reprises face caméra. Bien conscient de la nécessité de venir en aide, il rappelle malheureusement que « nous ne faisons que combattre des symptômes ». Les volontaires, d’âges et de milieux différents, sont filmés dans leur environnement en Suisse, telle Ileana Heer Castelletti. Retraitée désœuvrée d’un milieu aisé, elle a quitté pour un temps « cette vie protégée qui ne voit pas plus loin que son petit monde ». A Lesbos, elle se rend utile à peler les pommes de terre et à trier des vêtements. Dans le camp d’Idomeni, à la frontière macédonienne, elle réconforte les plus déprimés.
Sans leçon de morale
Nominé pour le Prix de Soleure 2020, le documentaire nous mène encore vers le Palais fédéral où durent les négociations, à Chiasso où sont refoulés des mineurs en transit, ainsi qu’à un discours du 1er août. Sans se transformer en leçon de morale, il fait passer un message d’urgence avec tact. Sarah Hirschi, la fibre de l’humanitaire ancrée en elle par ses parents, conclut: « On redevient des enfants qui veulent que tout soit juste. On avait refoulé ce sentiment afin de fonctionner dans notre société. On ne vit plus comme avant. »
«Volunteer» Suisse, 2019, 93′, version originale sous-titrée français, 16/16 ans
De Anna Thommen et Lorenz Nufer, Chef opérateur Severin Kuhn Avec Michael Grossenbacher, Michael Räber, Ileana Heer Castelletti, Thomas Hirschi, Sarah Hirschi-Gerber, Taha Alahmad, Lisa Bosia
Sortie le 9 septembre, au cinéma d’Oron – Vendredi 11 septembre, à 20h, avec la présence des réalisateurs