Marathon des Sables 2024 – Cyrielle Suzat dans le désert jordanien
A fin mai, Cyrielle Suzat de Belmont-sur-Lausanne est partie en Jordanie avec cinq amies pour participer à une course hors du commun :
Le Marathon des sables ou plus précisément le demi-marathon des sables.
Faire quelque chose qui sort de l’ordinaire pour ses 40 ans ! C’est quelque chose qui murissait depuis quelque temps dans la tête de Cyrielle Suzat, la traileuse de Belmont-sur-Lausanne. Mais que faire lorsque, 1) on aime bien la course à pied et le trail plus particulièrement, 2) on n’aime pas le froid, voir le très froid, 3) on est une personne de challenge ? Alors on part dans le désert pour participer à l’une des courses les plus éprouvantes qui soit pardi ! « J’avais envie de faire quelque chose qui marque pour mes 40 ans… Je fais déjà du trail. Avec cinq copines, nous voulions une aventure vraiment challenging. J’ai donc choisi le MDS 2024. C’était quelque chose dont je me rappellerai ».
Une objectif : le Legendary !
En optant pour ce demi-marathon, Cyrielle Suzat, femme de défi, avait aussi une autre petite idée en tête qui aura encore une dizaine d’années pour mûrir. « L’objectif que j’ai, pour mes 50 ans, c’est le faire LE Marathon des sables. Le Legendary ! Du coup, je me suis dit que cela serait bien de faire une étape intermédiaire, d’aller dans le sable et de connaître des conditions extrêmes ».
Des conditions extrêmes auxquelles il est impossible de se préparer
Pour être extrêmes, les conditions climatiques le furent. Jugez plutôt. Des températures de près de 50 degrés. « Nous avons même eu jusqu’à 52 degrés ». A l’heure où la plupart des gens fuiraient la chaleur en trouvant coûte que coûte un coin au « frais », Cyrielle Suzat elle, crapahutait dans le désert jordanien sans avoir vraiment pu se préparer à de telle températures. « Honnêtement, c’est cela qui a été le plus dur : la météo. Je n’ai pas pu me préparer à une telle chaleur. Je ne suis arrivée à Amman que deux jours avant la course. Je n’avais donc que 48 heures pour m’acclimater. Dans la capitale jordanienne, il faisait 38 degrés » … encore loin donc des 50 rencontrés dans le désert. Autant dire qu’en s’entraînant dans la belle région de Lavaux, il était impossible pour la traileuse cancoire de se préparer à de telle conditions climatiques.
La course des imprévus
Si, pour Cyrielle Suzat, ce MDS 2024 était une première, pour les organisateurs cela en fut, en quelque sorte, une aussi. « C’est la première fois qu’ils organisaient une édition en mai. Normalement elle se fait en novembre, durant l’hiver. Mai, c’est l’été en Jordanie. Il faisait 15 degrés de plus que durant l’hiver ». La sportive de Belmont-sur-Lausanne a dû faire face à de nombreux imprévus. Les water points tout d’abord. « Il y en avait tous les 11-12 kilomètres. Toutefois, les distances entre les water points étaient trop longues et nous nous sommes retrouvés à plusieurs reprises sans eau. Il y a des anecdotes incroyables d’autres participants qui ont tout fait pour combler ce problème de chaleur ».
Impossible de manger
Le plus gros imprévu pour Cyrielle Suzat ne fut pas des moindres. Pendant presque quatre jours, la Belmontaine n’a quasiment pas pu manger. « J’avais prévu ma nourriture habituelle de course. Des plats lyophilisés, des barres, des gels, tout ce que je prends ici en Suisse. Là-bas, impossible de manger, je n’y arrivais pas. J’avais mal au ventre. Si c’était à refaire, j’adapterais vraiment la nourriture. C’était mon gros imprévu de la course ».
Des bains de glace
Si cette édition MDS 2024 a été celle des imprévus, la traileuse cancoire n’en garde pas moins des souvenirs inoubliables de quatre jours qu’elle a passé dans le désert. « Il était possible de parcourir 70, 100 ou 120 kilomètres. Nous ne sommes que 55 à avoir parcouru la plus longue des distances. Sur l’ensemble du classement, je finis 29e et je suis la 10e chez les femmes ». Le meilleur des souvenirs de son séjour jordanien ? Les bains de glace ! « A chaque water point, ils nous mettaient de la glace sur la nuque. C’est le plus fou car en fait on attend que cela. Le plus drôle… c’est la première fois qu’ils nous ont lancé de la glace sur la tête et nous nous sommes rendus compte que cela nous faisait du bien. C’était la chose la plus incroyable ».

Interview
Comment avez-vous vécu la course ? Est-ce qu’il y a eu des imprévus ?
Moi, personnellement, j’ai quand même bien géré. J’ai réussi à faire
les 120 kilomètres. Ils avaient mis des déviations. On pouvait faire 70,
100 ou 120 kilomètres. Sur les 200 participants, nous sommes seulement
55 à avoir fait les 120 kilomètres. Il y a donc eu plein d’imprévus,
comme des départs qui ont été avancés à la dernière minute.
Comment se passe la course ?
C’est quatre jours en autonomie dans le désert. Nous avons trois étapes.
Une étape de 30 kilomètres, une de 60 et une autre de 30 kilomètres.
Entre celle de 60 et la dernière de 30, nous avons un jour au bivouac. Normalement cette journée au bivouac est faite pour se reposer, sauf que nous avons eu une immense tempête de sable ce jour-là. Les tentes s’envolaient,
nous n’avons pas pu trop nous reposer.
Les conditions climatiques ici sont sensiblement différentes
que dans le désert. Comment on se prépare pour une telle course ?
Honnêtement, je n’ai pas pu me préparer à la chaleur. C’est une chose à laquelle on ne peut pas se préparer. Je pense que j’aurais pu faire un meilleur résultat
si j’avais pu m’acclimater à la chaleur. Pour le sable, j’avais remplacé le sable par des entraînements dans les copeaux. Pour la stabilité, on prépare quand même les chevilles. Pas autant que des entraînements sur le sable, mais c’est mieux que rien.
Cela se traduisait comment ces entraînements dans les copeaux ?
Je courais, en fait. Un maximum. J’allais courir sur les pistes vita dans tous
les sens. Dans la forêt de Belmont, là-aussi ils mettent des copeaux.
J’ai fait beaucoup de course et de musculation car on porte tout le sac
qui fait facilement 10 kilos. J’ai combiné le trail et la musculation.
Vous vous êtes entraînée combien de temps ?
J’ai commencé en septembre, je suis partie en mai. Donc je me suis entraînée pendant 8 mois, sachant que je travaille à 100 % et que j’ai deux enfants.
Je faisais des entraînements 3-4 fois par semaine, le soir ou le week-end.
Propos recueillis par Eric Moser