Lutry – Vincent quitte … « Chez Vincent »

Pendant des décennies, son prénom a été associé à l’une des boulangeries-pâtisseries les mieux fréquentées et les plus appréciées de Lutry, à quelques encablures du port de la jolie cité lacustre. Le 1er juillet dernier, après un vie de travail vouée au bon pain et aux douceurs gourmandes, Vincent Dozin a lâché la barre de son entreprise, pour s’abandonner aux joies nonchalantes de la retraite.
« Mon épouse et moi allons enfin pouvoir faire tout ce dont nous avons été privés : de longues promenades mais surtout de beaux voyages », annonce celui qui nous a confié être en train de passer son permis poids lourds, « pour prendre le volant d’un camping-car ». Navigateur autrefois chevronné, il fera peut-être aussi quelques sorties sur le lac, voire en mer, mais précise que, l’âge aidant, il entend se montrer prudent : « Ce ne serait pas raisonnable d’entreprendre maintenant une traversée de l’Atlantique… (rires). »
Vincent est né il y a 64 ans en Belgique. « Je devais avoir 8 ou 10 ans, à Bruxelles, lorsque j’ai goûté, pour la première fois, un éclair au mocca. Ce fut un choc, une révélation. Ce jour-là, je me suis juré de devenir pâtissier-confiseur », nous avait-il révélé lors d’une précédente rencontre. Arrivé en Suisse dans les années huitante, après un passage dans une école hôtelière de son pays d’origine, Vincent et son épouse Romaine, une Valaisanne pure beurre, avait fait l’acquisition de leur première boulangerie-pâtisserie à Lutry, en 1993.
A force de pétrir et de concevoir les gourmandises les plus savoureuses, le petit Belge d’autrefois, devenu Suisse entretemps, a fini par se bâtir un véritable petit « empire » comprenant six magasins, cinq tea-rooms – restaurants, ainsi qu’une chocolaterie, répartis entre Lutry, où il vit, Pully et Lausanne, sous l’enseigne « Chez Vincent ». Le succès ne lui est pourtant jamais monté à la tête. Jusqu’au dernier jour, ou presque, il s’est levé bien avant le soleil pour travailler comme l’artisan qu’il n’a jamais cessé d’être.
C’est désormais l’excellente maison Locatelli qui a pris les rennes de la société créée par Vincent. Le fondateur a-t-il l’intention de fréquenter ses anciens magasins ? « Pas pour l’immédiat. Ce serait incorrect de donner ne fut-ce que l’impression que je viens vérifier les changements. Mais plus tard, oui ! J’en profiterai comme n’importe quel client ».
Toucherez-vous encore à la pâtisserie ? « Certainement ! Je ne vais pas me priver du plaisir de faire un bon gâteau de temps en temps pour la famille ou les amis. Mais ce ne sera plus dans un cadre professionnel (rires). »