L’infini et au-delà…
Les chiffres articulés ces dernières semaines à propos de l’acquisition de Credit Suisse par l’UBS sont à tels points inconcevables, que l’imagination peine à réaliser. Nous sommes comme propulsés au-delà de la stratosphère à tenter de se faire une image de l’infini. La meilleure manière de prendre conscience de la dimension de ces chiffres reste la comparaison : 1 million de secondes égale 12 jours / 1 milliard de secondes égale 32 ans.
Or, il est question de plusieurs centaines de fois ce résultat. La déconnection est assurée, tant par celui qui essaye de comprendre les montants en cause, que par ceux qui manipulent ces chiffres, ou plus concrètement, cet argent.
Déconnectés de la réalité, ils le sont, car ces chiffres abstraits représentent certes de riches actionnaires, mais aussi des épargnants et des employés. Les conséquences sont difficiles à évaluer mais déborderont assurément le simple secteur bancaire.
Dans les 259 milliards mis à disposition, il n’est question que des bouées de sauvetage, pas du bateau lui-même. Ces deux entités bancaires, une fois rassemblées en une seule, formeront une société qui représentera deux fois le PIB annuel de la Suisse.
Nous parlons donc d’une banque que la Confédération sera dans l’impossibilité de sauver, et encore moins de contrôler. L’ultra libéralisme a atteint les limites en termes de gestion des risques, et il est très peu probable que le Conseil fédéral possède des capacités de gourou de la finance pour se lancer dans le rachat et la maitrise d’un tel monstre.
Dans ces circonstances, il est bien peu crédible de parler de l’autorégulation du marché et de faire la vierge effarouchée à chaque fois que le législateur tente de cadrer une pratique économique ou financière.
Le temps est maintenant venu de savoir si, du côté de la Berne fédérale, les décisions et les recadrages nécessaires seront entrepris ou si, dans une utopie nouvelle, la finance suisse se lancera dans une conquête « autorégulée » des marchés, vers l’infini et au-delà.