L’homme qui voyait à travers les visages Eric-Emmanuel Schmitt – Editions Albin Michel
Milka | J’ai failli être déçue Monsieur Schmitt, je vous le dis! J’ai lu quasiment tous vos livres et tous ceux que j’ai lus, je les ai aimés. Certains plus que d’autres mais je n’en ai détesté aucun.
Donc c’est toujours avec gourmandise que je me lance dans la lecture de votre dernier-né. Tous ne traitent pas du même sujet, tous ne sont pas abordés de la même façon. J’entreprends donc cette lecture, page après page, avide, prête à adhérer et à trouver le petit mot, la petite phrase qui me fera crocher.
J’ai pour principe d’aller jusqu’à 100 pages quand j’aborde un auteur que je ne connais pas. Si à la 100e page, je n’adhère pas, je laisse tomber. Donc j’arrive à votre centième page, je n’adhère pas, mais comme vous êtes mon auteur préféré, je me dis que quand même, je dois être indulgente, vous ne pouvez pas toujours être excellent. Mais quand même, me dis-je, celui-là, c’est particulier. Me serais-je lassée? Ou seriez-vous devenu moins bon? Presque désespérée, je croche, parce qu’Eric-Emmanuel Schmitt, tout de même. 150 pages, toujours insipide pour moi, mais je veux vous laisser une chance, parce que je vous apprécie et que je voudrais être touchée. Je décide qu’à 200 pages, je jette l’éponge.
Il faut dire que le sujet traité dans le début du livre, un attentat en gare de Charleroi, n’est pas des plus gais et que nous nous sentons un peu envahis par toutes ces images de morts, de chagrin, d’incompréhension. Je me dis que ce serait trop moche que vous ayez succombé à la facilité de cette façon.
Et voilà, au moment où je ne m’y attendais plus, je retrouve le grand Eric-Emmanuel Schmitt, celui dont j’aime les livres. A un moment donné, ces deux cent pages ennuyeuses prennent tout leur sens, et alors là, c’est l’apothéose, avec l’entrée en scène de votre personnage, Eric-Emmanuel Schmitt en personne. C’est assez déstabilisant d’ailleurs. Puis s’ensuit une rencontre avec Dieu, qui tel un auteur de polar s’explique sur la façon d’aborder ses trois livres. Ce dialogue est une pure merveille.
Mais ce serait trop simple de ne s’en tenir qu’à cette partie du roman. Tout le monde connaît votre foi, vous l’avez toujours affichée. Donc il était presque normal que vous parliez de religion, sans toutefois essayer de convaincre qui que ce soit. Vous en parlez, c’est tout. Puis vient le dénouement, que nous n’attendions pas bien entendu, du moins pas celui-ci. Je n’y avais d’ailleurs pas pensé.
Bref, je n’ai pas envie d’en raconter l’histoire, vous l’avez fait maintes fois sur des plateaux de télévision, j’ai juste envie que les non-convaincus me croient quand je dis que c’est une pure merveille, et je pèse mes mots, et vous savez Monsieur Schmitt que chaque mot a son importance!