Les fous du Roi
Dimanche passé, dernière de la Revue de Lutry dans une ambiance estivale et goguenarde. Une très belle édition, rythmée et pleine d’esprit, éraflant au passage quelques profils politiques un peu trop lisses, potache mais mis en scène comme il se doit. L’occasion de se pencher sur cette forme de spectacle qui vit un retour en grâce bien mérité. Les revues sont le baromètre annuel de la vie politique et sociale. Le bêtisier et les coulisses du pouvoir enfin révélés par la grâce de l’humour. Un humour qui se veut volontiers rustique voire sarcastique. C’est le rendez-vous à ne pas manquer pour qui connaît et aime la vie de son bourg et sa région. Ces spectacles sont ironiques à dessein. Un angle décalé est proposé qui soudainement éclaire la vie locale beaucoup mieux qu’une visite consensuelle du village ou un film de présentation des autorités. La revue permet l’intégration rapide des notions de base du lieu : « Lutry pour les nuls », ce qui se dit ou ne se dit pas, les préoccupations du moment, les éternelles batailles de clocher, l’humour et la bonhommie du lieu. Une revue constitue un cours de rattrapage pour qui désirerait mieux comprendre cette communauté, mais elle n‘est pas que ça… Equilibre nécessaire de nos démocraties, la satire, et son complice le rire, sont aussi nécessaires que l’eau et le vin. Les revues sont légions à travers nos villages et perpétuent ce décalage utile. Aucune ne se ressemble mais toutes sont pareilles, le rire est l’ingrédient commun. Et l’intelligence des propos est un atout qui la fera se raconter longtemps après. Méfions-nous donc comme de la peste de la disparition de ces fous, de ces humoristes du concret. Lorsque nous n’aurons plus le droit de rire de tel ou tel sujet, alors le Roi sera le fou… et il semblerait bien que de nombreux pays y aient droit actuellement.