Le poids d’un vote
Nombreux sont ceux que l’on croise sur la place du village et qui à l’heure des votations s’enorgueillissent de ne pas avoir été glisser leur bulletin dans l’urne. « Ça ne sert à rien » ou « Chaque fois que j’ai voté, j’ai perdu » entend-on trop souvent. La question de l’utilité du vote est posée. Que l’on parle de démocratie ou d’autocratie, de peuples qui n’ont pas cette possibilité et qui vivent sous le joug d’un dictateur ne semble pas faire changer d’avis l’abstentionniste, ni le faire réfléchir plus avant.
Les règles de la société, le choix d’un représentant communal ou cantonal est sans intérêt puisque « ils feront comme ils veulent de toute façon ». Le processus démissionnaire de l’électeur laisse la voie libre à cet état de fait, et « ils » feront effectivement selon leur volonté comme mentionné. Cette utilisation de la 3e personne « ils » contribue par ailleurs aux thèses les plus extrémistes ; face à l’inconnu, tout est envisageable et les théories les plus invraisemblables sont tenues pour réelles.
En outre, cette démission démocratique permet l’opposition systématique. La critique est aisée, mais l’art est difficile dit-on. La solution de l’opposition est celle de la facilité, celle de l’absence de recours à la réflexion qui accompagne un manque de convictions.
Lors de scrutins nationaux, nous pouvons effectivement nous sentir comme une goutte d’eau dans l’océan. Mais lors de votations locales, la démocratie prend tout son sens avec des conséquences directes sur la population.
J’en veux pour preuve les élections à la municipalité de Servion qui se sont déroulées dimanche 27 novembre avec 5 candidats en lice. La participation de 35 % dévoile une surprise qui n’en est pas une si l’on considère les habitudes électorales. Avec 1556 électeurs inscrits, seuls 549 ont fait valoir leurs droits. Aucun candidat n’a décroché la majorité absolue de 273 voix, l’élection se prolonge avec un second tour.
A cette échelle locale, il faut bien reconnaître que chaque voix compte et que la position de l’abstentionniste n’est plus tenable… sauf pour avoir de quoi continuer à râler.