Le peintre Charles Clément exposé au cœur de Lausanne
Au Forum de l’Hôtel de Ville de la capitale vaudoise, jusqu’au 21 mai
| Voici une belle occasion de découvrir le peintre vaudois Charles Clément (1889-1972), un peu trop oublié aujourd’hui. Pourtant, il est bien connu d’une partie des habitants de notre district, notamment par les vitraux et surtout la grande fresque très originale qu’il a réalisés dans le Temple de Villette. En effet, à gauche et à droite de la Sainte Cène, il a représenté les moissons et les vendanges, dont les personnages lui ont été inspirés par des habitant-e-s du cru. Ce souci de montrer la vie quotidienne et le labeur de gens simples apparaît bien aussi dans la belle exposition du Forum de l’Hôtel de Ville de la capitale vaudoise. Lausanne elle-même a beaucoup inspiré l’artiste, qui s’est attaché à montrer des marchés, des fêtes foraines ou des métiers aujourd’hui quasi disparus (le Forgeron, les Tapissiers, le Laitier). On admirera particulièrement les toiles Fête foraine de nuit et Le vieux carrousel, où se révèlent les remarquables qualités de coloriste de Clément et son sens de la lumière. Ou encore La boucherie, une de ces scènes de la vie quotidienne qu’il affectionnait et a si bien rendues.
En 1927, comme d’autres peintres vaudois, Charles Clément a tenté sa chance à Paris. Il a rencontré un certain succès et s’y est lié d’amitié avec l’écrivain André Malraux (excusez du peu !), dont il a illustré un livre. L’exposition présente en effet aussi des gravures et des aquarelles. Mais dans ses huiles qu’éclate vraiment l’art de ce grand amoureux de la couleur. Clément a aussi beaucoup fréquenté Marseille, ses quartiers populaires, comme on le voit dans la toile Le bistrot.
En 1933, à cause de la crise économique qui prive les artistes de revenus, il doit regagner la Suisse. Il y retrouve une clientèle et pourra vivre de son art. On admirera aussi ses paysages de la campagne vaudoise. Mais le meilleur de son œuvre réside, à nos yeux, dans les tableaux où il inscrit des personnages au travail, comme les moissonneurs. On retrouve donc dans son œuvre un monde rural d’un autre temps, où il y avait encore des chevaux de trait et des chars à foin. Certes, Clément reste tributaire d’une conception assez traditionaliste de la peinture. Il appartient à une époque d’artistes vaudois dont Raoul Domenjoz et Rodolphe-Théophile Bosshard ont fait partie. Il est donc resté un peu à l’écart de la modernité, ce qui n’enlève rien à notre plaisir visuel.
Charles Clément a réalisé de très nombreux vitraux, par exemple pour la cathédrale de Lausanne. Il était bien sûr impossible de les transporter dans l’exposition… Mais on pourra voir un
diaporama montrant son œuvre considérable dans ce domaine de l’art.
Attention, cette exposition temporaire ne dure encore que trois jours! Si vous vous trouvez donc au centre de Lausanne, ou si vous allez y faire le marché du samedi, ne manquez pas de passer un moment au Forum. La très vive Marion Clément, petite-fille du peintre, vous y recevra et répondra volontiers à toutes vos questions.
« Charles Clément. Entre ville et campagne », Forum de l’Hôtel de Ville de Lausanne, jusqu’au 21 mai, lun-sam 11h-19h.