Le monde marche sur la tête
En Pologne, en Allemagne, en France, au Nord de l’Italie et en Suisse, les agriculteurs ont quitté les champs. C’est une première à cette échelle pour un problème mondial. Grâce à cette mobilisation générale, il est désormais clair qu’il est impossible de régler cette situation de manière locale.
Le problème de la commercialisation des produits agricoles est vaste et complexe. Le marché commun des pays d’Amérique du Sud (Mercosur) cherche à s’ouvrir au monde à travers des accords négociés actuellement et Bruxelles a favorisé le grenier ukrainien pour promouvoir l’effort de guerre, pour ne citer que ces deux aspects. C’est suffisant pour comprendre que les producteurs nationaux de blé, de légumes, de lait ou de viande font face à une concurrence déloyale.
Les lois sont nationales. Bien que l’Europe, avec maladresse, tente la réunification des fronts à travers une législature commune, les 27 subissent chacun de leur côté, l’arsenal national d’une législature qui se veut le reflet de la volonté du peuple. Les règlements pleuvent, les contraintes et les contrôles se durcissent et l’administration règne chez le producteur local noyé comme chez le régulateur cantonal ou national croyant bien faire.
Les marchés, eux, se gaussent et se gavent. Ceux qui négocient avec le Mercosur sont des intermédiaires politiques ou grands patrons. Ceux qui fixent l’offre et la demande sont des distributeurs. Il n’y a là pas de lien empirique avec le monde qu’ils pensent gérer. Tout au plus quelques commissions au passage.
L’église au milieu du village. Si quelque chose doit être compris, à travers le siège des gueux et de leurs tracteurs, autour des châteaux des Seigneurs est que la façon mercantile de régler la production et sa livraison par l’intermédiaire de vassaux grassement payés relève d’un autre temps.
Vivre et faire vivre est un acte d’échange quotidien que tout le monde peut comprendre. L’opacité du système actuel entre consommateur et producteur prouve à elle seule l’absurdité de l’agroéconomie mondiale.
« Ce que l’on conçoit bien, s’énonce clairement », un peu de transparence pourrait aider.