Le monde de l’artisan: Michel Delanoë – Peintre verrier
Nathalie Michlig | Les chemins de la vie ont emmené Michel Delanoë à venir s’établir en Suisse, dans les années 70. Ayant grandi dans le Calvados, à Caen, Michel Delanoë avait l’intention de devenir architecte, en tous les cas, un artiste. Tout en suivant les beaux-arts à Beaune, il entendit parler d’une place d’apprenti verrier. C’est ainsi qu’il rejoignit une entreprise familiale, qui lui transmit enseignements et secrets d’alchimiste, du coupeur-monteur en vitraux et peintre verrier. Après 8 années d’apprentissage et d’expériences professionnelles de Chartres à Rennes, il vint en Suisse, engagé comme verrier à Ecublens. Il se mit à son compte à la fin des années 80, dans un petit atelier à Lausanne, puis dans son garage à Servion, où il a élu domicile avec sa famille. Des mandats de grandes envergures lui furent confiés, son atelier prit de l’ampleur pour s’installer à Serix. Le premier mandat: restauration et conservation des vitraux de la Cathédrale de Lausanne. A ce jour, 45% de ceux-ci ont été restaurés par le savoir-faire et la main de maître de Michel Delanoë et de deux collaborateurs verriers avec qui il travailla de nombreuses années. Il forma également la première apprentie de Suisse. Il dit avoir deux casquettes: maître verrier d’art et peintre verrier. Passionné et curieux du verre dans tous ses états et sous toutes ses formes, toujours en recherche… Artiste et artisan d’art… Passeur de Lumière… Le vitrail n’existant pas sans elle. Il aime à l’observer, changeante à travers les verres colorés, la lumière se révélant fort différente suivant les lieux et les régions. Reproduisant des vitraux de toutes les époques, créant avec sensibilité et minutie, la patte du peintre comme il le dit. Un processus entre relevés archéologiques et documentations photographiques, dessins techniques et artistiques, composition. Reconstitution des pièces brisées ou disparues. Choix du verre, antique ou de cathédrale, coupe. Entre peinture sur verre (grisaille) ou émaux et cuisson à env. 630°, assemblages avec du plomb et soudure à l’étain. Les outils: un diamant utilisé comme une plume, une roulette (coupe-verre), une pince à gruger, des baguettes de plomb et des pinceaux. Chaque verre ayant une dureté différente, il a développé une connaissance pointue de celui-ci, une coupe à l’oreille, reconnaissant ainsi les diverses épaisseurs ou cuissons. Un verre rouge se coupera plus facilement qu’un verre bleu ou vert. Entre vitrail et peinture, sculpture de verre concassé en verre fusionné. Comme cette pièce unique, celle de l’autel en verre de la Basilique de Valère, alliant prouesses techniques, artistiques et savoir-faire. Patient et visionnaire. Un talent, connu loin à la ronde, en nos régions et en Europe, que vous pouvez découvrir à l’abbaye de Romainmôtier, au temple de Bercher, à la chapelle de Mollens ou dans les églises d’Etagnières ou Chesalles-sur Moudon notamment. Oeuvrant avec déontologie à la restauration et à la conservation du patrimoine culturel et artistique, collaborant avec des artistes ou divers corps de métiers, auprès de particuliers aussi, création sur mesure. De multiples expositions personnelles et collectives. Atelier de Serix, lieu de création et de rencontre, entre la matière lumineuse en devenir et tout visiteur qui désire la voir en transmutation. Plus d’informations au 079 412 61 79 ou sur le site www.studioglas.ch