Lavaux – Malgré la météo, une récolte réduite mais surprenante par sa qualité
Une année très atypique pour le vignoble
Michel Dentan | « Vendanges 2021 à oublier », « Année catastrophique ». Tels sont les titres que l’on a pu lire ou entendre récemment dans certains médias de nos régions. Mais la situation est-elle véritablement si désastreuse ? Nous avons rencontré des vignerons de Lavaux pour leur demander quelles étaient leurs impressions et leur perception de cette année particulièrement difficile au seuil de la période des vendanges.
Une météo capricieuse
Chacun a en effet pu constater que cette année 2021 s’est montrée sous des jours particulièrement ardus pour les métiers de la terre. Le mois de mars s’est révélé clément et la vigne s’est rapidement développée. Mais le début du mois d’avril a vu de grands froids pointer leur nez, provoquant du gel par endroits. Puis, nous avons connu un mois de juillet hors norme, amenant de fortes et répétées chutes de pluie venant encore compliquer la donne avec, en certains endroits de Lavaux, des précipitations récurrentes d’environ 100 millimètres par jour. « L’été 2021 a été le cinquième le plus pluvieux depuis le début des mesures en 1864, avec une pluviométrie atteignant presque 140 % de la norme 1981-2010 » (source Office fédéral de météorologie et de climatologie MétéoSuisse). Et pour couronner le tout, une partie du vignoble a été impacté par les assauts de la grêle qui n’a pas épargné les grappes naissantes et causé par endroits de très importants dégâts.
Le mildiou, une maladie difficile à traiter
Le mildiou, maladie cryptogamique causée par un champignon, est bien connu des vignerons et fait partie, avec la météo, des ennemis les plus courants de la vigne. Et cette grave atteinte au vignoble a su profiter de l’humidité et des fortes pluies, avec lesquelles elle fait très bon ménage, pour se développer de manière particulièrement intense. Pour tenter de la maîtriser, des traitements préventifs doivent être appliqués. Cependant, là encore, la pluie est venue brouiller les cartes en nettoyant systématiquement et presque immédiatement les traitements effectués, qu’il a fallu par conséquent répéter plus souvent que d’habitude. C’est ainsi par exemple que l’hélicoptère a, cette année, dû effectuer deux passages supplémentaires pour tenter de limiter les pertes dues à ce champignon. L’avantage de cette méthode – toutefois plus bruyante mais dont l’impact sonore est de courte durée – est qu’elle permet de traiter très rapidement de grandes superficies, alors que dans le cas d’une opération traditionnelle, effectuée parcelle après parcelle par chaque vigneron, ce sont tous les jours des machines que l’on entendrait tourner dans le vignoble.
Un grand travail préparatoire pour assurer le succès d’une récolte
Les vendanges imposent d’importantes tâches préparatoires. Il ne suffit pas simplement de couper les grappes, de les mettre en bacs pour les livrer au pressoir. Le moment est maintenant venu pour le vigneron de mettre en bouteilles la récolte de l’année précédente afin de libérer les cuves qui vont accueillir le nouveau jus, puis de procéder encore aux nombreux travaux suivants :
• Nettoyage et désinfection de tous les contenants, des cuves, des tuyaux, des sols
• Contrôle technique et service d’entretien des machines, pompes, pressoirs, vis de transport, système de réfrigération des caves
• Recrutement et engagement des vendangeurs et vendangeuses
• Préparation des contrats de travail, annonces à l’administration
• Préparation de la cuisine et des logements, intendance
• Achats alimentaires et réserves pour la subsistance du personnel temporaire
• Préparation des camions et machines de transport
• Préparation des bacs et outils divers, sécateurs, etc.
Puis vient enfin le grand moment des vendanges
Il existe plusieurs méthodes pour déterminer la date de cet évènement, celle du moment de la récompense pour ceux qui ont œuvré toute une année pour nous offrir les nectars que nous prenons plaisir à déguster. La plus traditionnelle veut que l’on compte 100 jours après la floraison de la vigne. Mais en pratique ceci peut varier entre environ 90 et 120 jours après l’apparition de la fleur, en fonction des conditions météorologiques et plus particulièrement de celles de la fin de l’été. De plus, les vignerons n’ont pas tous le même avis et c’est ce qui donne le caractère, la note, le style, de chaque producteur. Une partie d’entre eux choisissent de débuter plus rapidement afin de conserver la fraîcheur du fruit, ainsi qu’une petite pointe d’acidité souvent appréciée, tandis que d’autres optent pour un peu plus de maturité du raisin en vue d’obtenir des arômes plus riches, plus puissants. Lorsque nos lecteurs prendront connaissance de ce texte, les vendanges de certaines parcelles auront débuté et devraient perdurer encore une dizaine de jours sur certaines autres. Et cette année, les vignerons – tout au moins ceux que nous avons rencontrés – se montrent plutôt optimistes malgré cette période qu’ils considèrent comme éprouvante et des pertes non négligeables se situant entre 20 % et 40 % et pouvant se monter à 60 % dans les zones ayant subi la grêle. Mais la nouvelle réjouissante est celle de la promesse d’une qualité citée de « très bonne » par les uns, passant par « excellente » et allant à « géniale » pour certains autres ! Les sondages avant la récolte semblent bien confirmer ces attentes, affichant des valeurs allant de 94 à 98 degrés Oechsle, auquel il faudra ajouter environ 6 degrés après la cueillette, ce qui devrait permettre d’atteindre des chiffres compris entre environ 100 à 104 degrés Oechsle. Amateurs de bons vins et des bonnes choses de la vie, continuez à déguster – avec modération bien sûr – les excellents nectars que nous offrent les raisins parvenus à une belle maturité sous les 3 soleils de Lavaux et à soutenir ses vignerons et notre économie locale.
Comment calcule-t-on la future teneur en alcool d’un vin blanc ?
Il suffit de déduire 15 au taux de degrés Oechsle, puis de diviser le chiffre obtenu par 6.
Exemple : Degrés Oechsle 96 – 15 = 81 / 6 = 13.5 degrés d’alcool.
Pour un vin rouge, il faut encore multiplier le résultat obtenu par 0.94.