Lavaux à la fête aux Lauriers de Platine Terravin
Jeudi 20 novembre, le Château d’Aigle accueillait la dégustation finale pour les 17e Lauriers de Platine Terravin, avec la présence de Valérie Dittli, marraine de cette édition. Les 16 meilleurs crus, parmi 343 Chasselas certifiés Terravin ont été dégustés par un panel d’une vingtaine de personnes, issues du monde du vin. Fait plus rare, le podium est cette année composé de trois Calamin AOC Grand Cru et d’un 4e vin primé de Chardonne.
Cela fait très plaisir et je me suis dit que ce serait vraiment sympa de l’avoir une fois », sourit Jonas Neyroud, du domaine Neyroud-Fonjallaz, à Chardonne. C’est maintenant chose faite, ils sont, avec sa famille, les heureux vainqueurs des Lauriers de Platine Terravin pour le millésime 2024. Avec en plus le sourire lorsque l’on sait qu’avec son frère Basile, ils ont repris le domaine familial au début de l’année 2024 et que c’était leur « premier millésime » à la tête du domaine. Même si pour les frères Neyroud c’est une continuité dans le travail accompli depuis plusieurs années et que ce n’est pas une course effrénée aux médailles qui anime le jeune homme « pour moi, il est toujours important de se donner de la peine dans le travail, qu’il y ait une médaille ou non ».
Il en va de même pour les autres caves primées, au Domaine Crêt Dessus, à Epesses, Daniel Gay est heureux d’obtenir une belle 2e place, « très contents car c’est un concours difficile, c’est très sélectif et comme cela est organisé, il y a peu de place à la chance et les résultats sont sérieux. C’est aussi bien pour les clients existants, cela confirme leur choix. Ils sont très fiers et contents pour nous ».
Habituée des Lauriers de Platine Terravin, l’Union vinicole de Cully ne démérite pas cette année avec la 3e place du podium et le 3e Calamin. Pour l’œnologue de la coopérative, Fabien Bernau, « on voit aussi que notre manière de travailler fonctionne bien. Il y a des sélections à la vigne et l’encavage qui sont faites et on a une équipe qui travaille bien. Et pour les professionnels, quand on est dans les quatre premiers à Terravin, c’est une belle reconnaissance ».
Finalement, Marco et François Grognuz, de la Cave des Rois, ferment la marche avec un Chardonne en quatrième place. Pour François, obtenir le label Terravin est un réel gage de qualité. « Avoir le label est une belle reconnaissance des bons produits et pour les lauriers de platine, parmi les seize vins sélectionnés, le niveau est excellent ».
Terravin, un label gage de qualité
Depuis près de 60 ans, le label Terravin propose d’obtenir une certification pour les vins blancs et rouges. Sur la base d’une dégustation technique, exécutée par un collège d’œnologues experts, sur la base de critères techniques, comme l’explique Franco Bianco, en charge de l’exploitation du vignoble et de la vinification au Domaine Crêt Dessus à Epesses : « Terravin est une dégustation technique, ce n’est pas le but d’être hédoniste, le plaisir passe presque au second rôle. C’est donc un outil de travail pour les professionnels ».
Pour arriver aux Lauriers de platine, plusieurs dégustations ont lieu durant l’année (en 2025, 343 Chasselas ont été dégustés), qui permettent de présélectionner une quarantaine de vins. A l’automne, une dernière dégustation est organisée pour sélectionner les 16 vins qui seront finalement proposés à la dégustation finale. Ainsi, lorsque l’on arrive dans les 16 derniers, une belle sélection a déjà été faite.
Depuis plusieurs années, l’organisation Terravin a étendu la dégustation finale à un panel de professionnels du monde du vin. Loin de ternir l’image du label plutôt technique, cette dernière dégustation, plus axée sur le plaisir. « C’est aussi un des avantages de la version actuelle, la sélection est faite par des techniciens et après les seize derniers vins c’est une dégustation plus ouverte et cela permet d’avoir des vins qui cochent les deux cases, avec la partie technique et la partie plus consommateurs. Et c’est la seule dégustation qui propose cela », explique Benjamin Gay du Domaine Crêt Dessus.
C’est également une belle vitrine pour la clientèle, comme le mentionne Martin Morgenthaler, gérant à l’Union vinicole de Cully : « même si notre but n’est pas de faire des concours ou des médailles, on remarque qu’en termes de communication cela amène un plus. Les gens sont sensibles aux macarons qui figurent sur les bouteilles ».
Calamin, petite appellation qui a tout d’une grande
Parmi les quatre lauréats du concours, les trois premiers sont du Calamin AOC Grand Cru. La plus petite AOC du canton, avec ses seize hectares au compteur, a marqué la dégustation cette année. Terroir atypique, l’appellation Calamin est née de deux glissements de terrain au VIIe siècle et bénéficie d’un microclimat, située au sud du village d’Epesses et peut-être un peu plus protégée au niveau météorologique. Le sol argileux permet peut-être aussi de mieux drainer l’eau, qui est tombée en abondance durant l’année 2024.
Ainsi, c’est peut-être tous ces points qui ont permis à cette appellation de sortir son épingle du jeu pour le millésime 2024, qui a été un peu plus difficile. Mais finalement, n’est-ce pas surtout le travail de tous ces professionnels et leur passion qui ont permis à ces trois Calamin de se hisser sur le podium ?
Le millésime 2024 a peut-être été exigeant, mais il a surtout révélé l’énergie, la passion et le savoir-faire des vignerons de Lavaux. Avec un podium dominé par le Calamin, ces coteaux ont prouvé que qualité et ténacité font bon ménage. Derrière chaque bouteille primée se cachent des années de travail, d’observation et de minutie, et ces Lauriers de Platine Terravin sont la preuve éclatante que le Chasselas et le Calamin savent briller quand on les respecte. Une belle promesse pour les millésimes à venir… et pour tous ceux qui aiment le vin suisse dans ce qu’il a de meilleur.






