La protection de notre espace vital
une perpétuelle préoccupation
Gérard Bourquenoud | Le fait que la Suisse a été touchée par une pandémie il y a quelques mois, une partie de la population a été sensibilisée et s’est rapprochée de la nature qui était devenue presque étrangère à l’homme des grandes villes. Une alliance qui suscitait, depuis quelques décennies, des propos amers. Et que dire de l’humanité d’aujourd’hui qui se comporte d’une manière inconsidérée et dangereuse vers la dégradation de l’espace vital dans lequel et grâce auquel elle vit. Elle s’achemine à son insu vers son suicide. La cause de cette erreur est due principalement à l’aveuglement de ses sens et de son esprit. Selon l’Institut d’étude sur le comportement de la société à l’Université de Zurich, la perception – qui veut dire regarder, écouter, voir, entendre et sentir – a été conçue à l’origine pour que l’homme puisse saisir l’harmonie des choses et en apprécier la valeur. Il précise également que dans notre conscience, nous sommes tous capables de ressentir sans effort les harmonies de la nature comme de la musique en tant que telles, ainsi que de percevoir l’immense richesse alimentaire qu’elle nous offre. Même si nous avons peine à croire que l’étude et la culture militent en faveur d’une meilleure compréhension. Sans les convictions et la volonté de tous les peuples, y compris les politiques, il sera très difficile d’assurer la protection de notre environnement et de nos espaces verts qui risquent de disparaître sous l’envahissement toujours plus dense et incompréhensible de la construction. De nos jours, les êtres humains des grandes villes qui vivent sans contact avec la nature, ont de la peine à réaliser d’où vient leur pain quotidien. Cela est d’autant plus sérieux que le sens de l’esthétique, de l’éthique, celui du beau et du bon, ne sont au fond qu’une seule et même chose. De quel spectacle pourrait s’exalter le malheureux citadin qui a grandi dans les faubourgs d’une immense cité sans jamais approcher la manifestation du beau et la fraîcheur de la nature, sous quelque forme que ce soit, et dont l’entourage n’est fait que de cours sombres, de stations-service et de cimetières de voitures ? Par bonheur, il existe beaucoup d’hommes qui, sourdement, pressentent ce danger réel et qui aspirent à protéger la nature: elle seule est capable de nous dispenser des leçons d’harmonie et de poésie. C’est vrai et personne ne me contredira. Ces majestueux paysages, à l’image de la montagne comme de la plaine, nous touchent, précisément parce que toutes les formes de vie qui y croissent, bêtes et plantes, constituent un assemblage de forces autonomes. La science que l’on appelle « écologie » pourrait redonner vie à notre espace terrestre comme à la société, sans oublier l’équilibre biologique. Elle l’était surtout à une époque où la culture savait restituer à la terre ce qu’elle avait reçu d’elle. L’environnement encore intact est une source de vie et de plénitude pour ceux et celles qui aiment leur pays, mais malheureusement, il est de plus en plus défiguré quand les constructeurs donnent libre cours à leur voracité. Et s’ils continuent sur cette voie, il ne restera pas grand-chose de notre espace vital et, partant, nous avec lui. Même si le silence est parfois plus fort que les notes de musique, il incite à la réflexion de ce que va devenir cette nature qui nourrit les peuples de la planète. L’heure est donc venue d’éveiller à nouveau dans chaque être humain le sens des harmonies et le respect des lois à concrétiser par un acte ou un devoir fondamental pour la survie de l’humanité toute entière.