La petite histoire des mots
Messe

L’Américain Robert Francis Prevost, qui a pris le nom de Léon XIV après avoir été élu pape par le conclave, a célébré vendredi dernier une première messe privée avec les cardinaux dans la chapelle Sixtine. La messe d’inauguration du nouvel évêque de Rome aura lieu dimanche prochain, place Saint-Pierre. Des personnalités du monde entier sont attendues pour cet événement qui se déroulera dix jours après l’élection du premier souverain pontife américain, chef spirituel de quelque 1,4 milliard de catholiques.
Voilà qui nous amène au mot « messe » qui définit une cérémonie chrétienne au cours de laquelle un ou plusieurs prêtres célèbrent l’Eucharistie, une forme de répétition revisitée du sacrifice rédempteur du Christ. Dans les traditions catholiques et orthodoxes, la messe constitue le point cardinal de la liturgie, un terme qui désigne l’ensemble des rites, cérémonies et prières dédiée au culte du Créateur. Les protestants, mettant davantage l’accent sur la prédication, préfèrent utiliser le terme « culte ».
Le mot « messe » nous vient du latin « missa », une déclinaison du verbe « mittere » qui signifie « envoyer ». « Missa » est aussi à l’origine des mots français « mission » et « missionnaire ». A partir du IVe siècle, de notre ère, à la fin d’un office de l’église latine, les diacres annonçaient la fin de la réunion en déclarant « ite, missa est ! » autrement dit « Allez, c’est l’envoi ! », pour indiquer que l’assemblée était terminée et que les fidèles pouvaient partir « en mission » chrétienne. Par extension, puis déformation de « messa », on a fini par appeler « messe » l’ensemble de la réunion.
Il est intéressant de noter qu’en allemand, le mot « Messe » désigne aussi une foire. Depuis le VIIIe siècle, des messes quotidiennes étaient célébrées en l’honneur des saints du jour. Les jours consacrés aux saints les plus vénérés furent ajoutés à certaines fêtes de l’Eglise. C’est pourquoi, en moyen haut allemand, vers la fin du Moyen-Âge, les mot « missa » puis « messe » prirent également le sens de « fête du saint du jour ». Un peu plus tard, « Messe » finit aussi par s’appliquer aux marchés qui se tenaient près des églises, lors de ces fêtes, puis aux foires profanes.
Le mot « Eucharistie » nous vient lui du grec « eukharistía ». Utilisé quinze fois dans la Nouveau Testament, ce terme a été traduit par « action de grâce ». Il est issu du mot « eukharistos » qui signifie « reconnaissant ». Il n’aura pas échappé aux touristes qui ont beaucoup fréquenté la Grèce, qu’en grec moderne « eukharisto » (prononcer efcharisto) veut tout simplement dire… Merci !
Voici enfin la réponse qu’attendent toutes celles et ceux qui se demandent pourquoi le pape fait… des « bulles » ! Une bulle pontificale, papale ou apostolique est un document scellé par lequel le Saint-Père pose un acte juridique important, tel qu’une nomination épiscopale, la définition d’un dogme ou encore l’annonce d’une année sainte. Au VIe siècle, la chancellerie papale adopta une pratique en cours à Constantinople qui consistait à authentifier ces textes à l’aide d’un sceau appelé « bulla » en latin. Ces documents finirent par prendre le nom de ce cachet. C’est aussi simple que ça !