La petite histoire des mots
Verglas

Avec l’arrivée de la neige et du froid, le risque de verglas, cauchemar des automobilistes mais aussi des piétons, est lui-aussi de retour. Il n’existe aucune statistique sur le nombre d’accidents attribués à l’apparition de cette mince couche de glace transparente qui se forme sur les chaussées et les trottoirs par la congélation d’une pluie très fine ou du brouillard, lorsque la température est égale ou inférieure à 0°C. Mais on sait que, chaque hiver, ce phénomène est responsable d’innombrables carambolages et blessures.
Le plus ancien « ancêtre » connu du mot « verglas », en vieux français, date de la toute fin du XIIe siècle, sous les formes « wereglas » ou « verreglaz ». En ces temps médiévaux, il désignait déjà une couche de glace mince et transparente qui couvre le sol. Ce terme associait les mots « glas » ou « glas » – autre forme de « glace – et « verre », au sens de « glace ressemblant à du verre ».
Le substantif « glas » ou « glace », pour désigner l’eau gelée, dérive du bas latin « glacia », issu du latin classique « glacies » qui avait déjà le sens de « glace », mais aussi celui de « dureté » et de « rigidité ». Quant au mot « verre », il nous vient de « vitrum », le mot latin pour « verre », un substantif très vraisemblablement issu du verbe « video-videre », qui signifie « voir », allusion à la transparence de cette matière.
Il est intéressant de noter au passage que l’un des premiers textes parlant de l’origine du verre a été écrit par l’auteur romain Pline L’Ancien. Selon lui, le premier verre aurait été créé accidentellement par des navigateurs phéniciens qui, en faisant un feu sur une plage de sable riche en silice, auraient assisté ébahis à la formation d’un bout de verre.
Cette histoire n’est cependant pas très crédible… D’abord parce que la chaleur d’un feu de camp n’est certainement pas suffisante pour produire du verre ; ensuite, parce que des verres datant du Ve millénaire av. J-C, à une époque largement antérieure à la civilisation phénicienne, ont été découverts en Mésopotamie.
Pour en revenir au mot « verglas », c’est XVe siècle qu’il prit la forme que nous lui connaissons de nos jours. La physique nous a appris depuis que cette glace qui ressemble à du verre contient très peu de bulles d’air. De ce fait, la lumière est très peu réfléchie par le verglas qui prend le plus souvent la couleur de la surface sur laquelle il repose, le rendant souvent indétectable au regard, ce qui le rend particulièrement dangereux.
Chaque année, certains matins de janvier, la Suva, principal assureur-accidents de Suisse, dénombre, en quelques heures, jusqu’a 70 accidents dus au verglas. Mais leur nombre est sans doute supérieure, cette statistique ne comprenant que les accidents ayant nécessité une visite médicale.
Terminons par ce bon mot de l’humoriste et comédien français Pierre Dac : « Rien n’est plus philosophe que le verglas. Que d’injures les humains ne lui ont-ils pas prodiguées ! »