La petite histoire des mots
Pansement

Après l’attentat manqué contre Donald Trump, le 13 juillet dernier, certains de ses partisans ont choisi d’arborer publiquement un pansement sur l’oreille droite, en signe de soutien indéfectible à leur candidat à l’élection présidentielle. Il paraît même que, grâce aux images diffusées sur les réseaux sociaux et les chaines d’informations, ce petit bout de coton est en passe de devenir, une nouvelle tendance à la mode chez les « Trumpistes ».
Le mot « pansement » désigne un dispositif de protection permettant de recouvrir une plaie située sur la peau. Il dérive bien évidement du verbe « panser » qui veut dire soigner une plaie ou une blessure. Il faut noter qu’en vieux français, ce verbe s’écrivait « penser » car il voulait aussi dire « se préoccuper » de quelqu’un ou de quelque chose. On disait alors non pas « penser à quelqu’un » mais, au transitif, « penser quelqu’un ».
Au XIVe siècle, « penser un cheval » voulait dire en prendre soin en le nourrissant, puis en l’étrillant et en le brossant ; alors que « penser un blessé » signifiait déjà soigner ses plaies. Trois siècles plus tard, on retrouve ce même verbe sous la forme « pancer », « pancer un oiseau » signifiant le nourrir. Mais c’est l’orthographe « panser », apparue quelque décennies plus tard, qui finira par s’imposer.
Le mot « pansement » a suivi à peu près le même parcours : au XVIe siècle, les « pensemens » étaient les soins donnés à un malade ou à un blessé. Le traitement des blessures est par la suite devenu le « pensement des playes ». La définition et l’orthographe actuelles de « pansement », figure dans la première édition de l’Encyclopédie de Diderot, en 1765, même si ce n’est qu’au XIXe siècle que ce substantif prit définitivement la forme et la signification que nous lui connaissons.
En poésie, ces vers de Guy de Maupassant sont restés célèbres : « A mon âge, l’amour est devenu une habitude d’infirme, c’est un pansement de l’âme, qui ne battant plus que d’une aile s’envole moins dans l’idéal ».
L’expression « un pansement sur une jambe de bois » désigne une mesure inutile ou inefficace pour régler un problème. Elle trouve son origine au XVIIIe siècle. On disait alors « un cautère sur une jambe de bois », pour montrer l’absurdité de certaines mesures. Au Moyen-Âge, le mot « cautère » nommait un fer brûlant destiné à « cautériser » les blessures, avant de désigner aussi un cataplasme censé guérir une brûlure.
Demain peut-être, la mode lancée par les partisans de Donald Trump aidant, l’expression « se mettre un pansement à l’oreille », pourrait prendre le sens de « manifester sa solidarité » … Qui sait ?