La petite histoire des mots
Allô !
Révélé la semaine dernière, le projet de l’opérateur historique de la téléphonie Swisscom de racheter les activités italiennes du britannique Vodafone pour 8 milliards d’euros nous amène à nous interroger sur cette étrange pratique qui consiste, en français, à dire « Allô » lorsqu’on décroche son smartphone ou son téléphone fixe.
Le mot figure bien dans le dictionnaire. Le Larousse le définit très élégamment comme « un appel préparatoire à une conversation téléphonique » et l’Académie française recommande l’usage de l’accent circonflexe sur le « o », pour ne pas le confondre avec le préfixe « allo ». Ce dernier nous vient du grec et signifie « autre », comme dans « allophone », par exemple, mot qui désigne une personne qui parle une langue étrangère. Reste à chercher l’origine de notre « Allô » !
Selon les partisans de la piste anglo-saxonne, l’Américain Thomas Edison, qui a développé la première compagnie téléphonique aux Etats-Unis, avait l’habitude de décrocher son téléphone en disant « Hello », salut qui serait passé dans la langue française sous la forme que l’on sait.
Certains linguistes prétendent que ce sont les bergers normands, installés en Angleterre au Moyen-Âge, après sa prise par Guillaume le Conquérant, qui seraient à l’origine du « Hello », et donc de notre « Allô ». Il paraît qu’ils hurlaient « Halloo » pour rassembler leurs troupeaux et communiquer entre eux. Ce salut aurait ensuite été adopté par les marins britanniques qui se lançaient des « Hallow » d’un bateau à l’autre, lorsqu’ils se croisaient.
Curieusement cependant, l’explication la plus vraisemblable pour notre « Allô » français serait qu’il est d’origine… hongroise !
En effet, en 1879, l’ingénieur hongrois Tivadar Puskás, détenteur d’une licence de Thomas Edison, mit au point le premier vrai central téléphonique de grande envergure, entre la France et son pays. Le mot « Allô » serait née à cette occasion. Puskás et son frère, lors des essais de leur dispositif novateur se parlant en hongrois, ils disaient : « Hallod ? » (Tu m’entends) ; « Hallom » (Je t’entends) ; « Halló… » (J’écoute)…
Les nombreux étrangers qui assistaient à cette expérience semblent bien avoir repris ce mot sous la forme d’une onomatopée qui passa dans plusieurs langues, avec cependant une orthographe différente : « Alò » ou « digame » (dites-moi) en espagnol ; « Allo » en russe ou en ukrainien ; « Alo » en turc ou encore « A lô » en vietnamien, etc.
Le « Allô » n’est cependant pas universel, loin de là. En décrochant son téléphone, un Japonais vous dira « Moshi moshi » (Je parle, je parle), un Israélien « Shalom », un Coréen « Yoboséio » (Salut), un Mexicain « Bueno » et un grec « Embros » (Allons ou En avant). Quant à un Italien, en décrochant son smartphone ou son téléphone fixe , il dira « Pronto » , autrement dit : « Prêt »…