La petite histoire des mots
Océan
Avec une température moyenne record de 21,2°C enregistrée au mois de février dernier, les mers et les océans n’ont jamais été aussi chauds. Le précédent record, établi en août 2023, était de 21,1°C. Ce nouveau record intervient après une année 2023 marquée par neuf mois consécutifs de températures extrêmement élevées dans les océans. L’Atlantique Nord a été particulièrement touché avec un pic de 25,19°C en surface, en août.
En géographie, le mot « océan » est le plus souvent défini, comme une vaste étendue d’eau salée située entre deux continents. Le terme s’est imposé tardivement, lors des grandes explorations conduites par les navigateurs tels que Christophe Colomb ou Magellan. Jusque-là, pour les Européens, les étendues d’eau salée s’appelaient « mer ». On désignait alors la plus grande connue d’entre elles, l’Atlantique, par le terme « mer océane ». A l’origine d’ « océan » se trouve « Ôkeanos », nom donné par les Grecs à l’une des divinités primordiales de la mythologie hellénique.
Òkeanos, fils d’Ouranos, le Ciel, et de Gaïa, la Terre, était l’ainé des Titans. Frère et époux de Téthys, maitresse de l’eau, il faisait partie de la première génération divine qui a précédé les dieux de l’Olympe qui finirent par supplanter les Titans. Il était souvent représenté sous les traits d’un vieillard tenant une jarre qui déverse inlassablement l’eau des mers, des fleuves et des fontaines. Il passa dans la mythologie latine sous le nom d’Oceanus, et désignait parfois l’océan Atlantique, alors inexploré. Les Romains appelaient le détroit de Gibraltar « fretum nostri maris et Oceani » (la côte de notre mer et de notre océan).
En vieux français, c’est au début XIIe siècle qu’apparaît le mot « occean » pour désigner une mer aux dimensions inconnues. Au XIVe siècle, les géographes appelèrent « Atlanticus » l’océan qui baignait l’ouest de l’Europe. Son nom dérive de celui de l’Atlas, le massif montagneux du nord de l’Afrique dont les sommets étaient visibles des navigateurs qui faisaient route vers l’archipel des Canaries ou celui des Açores, découvert plusieurs décennies avant l’expédition de Christophe Colomb. Dans la mythologie grecque, Atlas, premier souverain de la mythique Atlantide, à qui il a donné son nom, avait été condamné par Zeus à supporter sur ses épaules la voûte céleste.
De son côté, l’océan Pacifique a reçu son nom du navigateur portugais Magellan qui l’a appelé ainsi car ses eaux étaient très calmes, lors de son passage. L’océan Indien et l’océan Arctique ont, quant à eux, reçu le nom du pays et de continent que les bordent. Depuis le XVIIIe siècle, le mot « océan » peut aussi être utilisé dans un sens figuré en évoquant un « océan d’amour » ou un « océan de stupidité » par exemple.
Pour en revenir au réchauffement, il faut savoir que quelque 30 % du dioxyde de carbone émis par les activités humaines sont absorbés par les océans. Or, ce sont les eaux froides qui ont une plus grande capacité d’absorption du CO2. Un océan plus chaud en retient des quantités moindres. Ce gaz à effet de serre se concentre alors en plus grandes quantités dans l’atmosphère, entraînant des canicules et de nouveaux pics de chaleur. Faute de mesures urgentes, ce cercle vicieux menace de devenir incontrôlable.