La petite histoire des mots
Ecologie
Georges Pop | Le pragmatisme économique l’a emporté, de peu, sur les inquiétudes, notamment écologiques : malgré une forte résistance romande, l’accord de partenariat économique entre la Suisse et l’Indonésie a été approuvé dans les urnes, dimanche dernier. Selon les défenseurs de l’environnement, qui ont mené campagne contre l’accord, dans cet état insulaire, un quart de la surface d’une des forêts humides les plus riches de la planète a été déboisé, lors des deux dernières décennies, pour faire de la place à des plantations de palmiers à huile; un authentique « désastre écologique », selon eux. Voilà qui nous amène au mot « écologie », et à ses dérivés, qui sont apparus relativement récemment dans la langue française. Avant, cependant, d’en explorer les origines, il est intéressant de relever que les deux premières syllabes d’« écologie » sont partagées par cet autre terme, tout aussi familier, de notre vocabulaire: « économie » ! Ce n’est pas du tout fortuit : les deux mots ont été construit avec le préfixe « éco », issu du grec « oikos » qui signifie « maison ». Le mot « économie », nous vient du grec « oikonomia », constitué de « oikos », et de « nomos » qui désigne une loi ou une règle d’action. Au sens littéral, le mot « économie » définit donc les règles qui régissent la gestion d’une « maison », terme qui, pris au sens large, peut figurer son entreprise, sa ville ou son pays. Le mot « écologie », quant à lui, associe l’« oikos », la « maison », au « logos », terme grec qui signifie « parole » ou « discours ». Le français l’a, selon toute vraisemblance, emprunté à l’allemand « Œcologie », un mot et un concept inventés par le zoologiste et biologiste allemand Ernst Hæckel, dans la préface de son ouvrage intitulé « Natürliche Schöpfungsgeschichte » (Histoire naturelle de la Création), paru en 1867. Ce disciple de Charles Darwin popularisa la théorie de l’évolution en Allemagne. Il est, de nos jours, considéré comme le père de l’écologie. Il forgea le mot allemand « Œcologie » afin de donner un nom à l’étude des relations unissant les organismes vivants. Sous sa forme française, le mot est attesté dans les dictionnaires dès le début du XXe siècle. De nos jours, son dérivé « écologiste » peut désigner tout à la fois un scientifique, également appelé « écologue », qui étudie les interactions des êtres vivants entre eux, et avec leur milieu, ou un partisan de l’écologie politique, autrement dit un « Vert ». Le diminutif « Ecolo » est aussi utilisé, parfois dans un sens péjoratif, pour désigner les défenseurs de l’environnement. Afin de prendre soin de la planète, notre « maison », l’écologie a contribué à générer le concept d’économie durable, avec l’ambition de prendre en compte les aspects sociaux et environnementaux des activités humaines, de manière à répondre aux besoins de l’humanité, sans nuire à l’environnement, ni porter préjudice aux générations futures. Pour terminer cette chronique, comme souvent, sur une note souriante, relevons cette recommandation environnementale sarcastique de l’instituteur et archéologue français Henri Prades : « Pour sauver un arbre, mangez un castor ! »