Chexbres – Un « Chat » au secours des populations vulnérables
J’avais envie d’être plus utile qu’en travaillant dans un fonds d’investissement
Thomas Cramatte | Christopher Wegener, habitant de Chexbres, repart pour une troisième mission avec l’ONG «Médecins Sans Frontières». A 27 ans, cet ancien acteur du monde de la finance collectionne les actes de solidarité en zones de crises. Entre deux voyages, il témoigne et raconte sa prochaine destination. Ce Chexbrien débute sa carrière professionnelle par un apprentissage d’employé de commerce. Après 10 ans dans la finance et un poste d’Analyste en Private Equity, il opère un virage à 180 degrés en 2019 : « J’ai eu une grosse remise en question et j’avais envie d’être plus utile qu’en travaillant dans un fonds d’investissement », explique Christopher Wegener. Sans être satisfait du confort que présente son emploi et du parcours professionnel qui se présente devant lui, il quitte son travail pour réfléchir à son avenir. « Malgré plusieurs postulations et la possibilité d’acquérir un poste de travail intéressant, rien ne me séduisait complètement ». Altruiste de nature, Christopher Wegener s’intéresse de plus près au travail des Organisations non gouvernementales (ONG). « Médecins Sans Frontières permet de se rendre utile pour la société tout en découvrant d’autres cultures. En plus, c’est une des seules organisations qui ne dépend pas de financements gouvernementaux ». Alors conquis par le fonctionnement de l’ONG internationale basée à Genève et Zurich, le jeune homme effectue un entretien d’embauche et signe pour sa première mission à l’étranger.
Proche-Orient
« Lorsque l’on m’a présenté mon contrat pour partir huit mois en Irak, je me suis dit: waouh, on rentre dans le concret maintenant », se remémore l’ancien employé de commerce. « Mais au moment de signer, je n’ai eu que deux minutes d’hésitation », souligne Christopher Wegener. Ainsi, armé de son courage et de sa curiosité, il part en novembre 2019 pour la ville de Sinuni dans le nord-ouest de l’Irak. Cette cité de plus de 16’000 habitants est devenue le point de rassemblement de la minorité Yézidi, une communauté religieuse qui a connu un affrontement sans précédent de la part de l’Etat islamique (EI) en août 2014. A tel point, que ces atrocités ont été reconnues par l’ONU comme génocide et ont engendré d’importantes migrations : « Comme tout le monde vous le dira ici, le génocide perpétré par l’EI n’était pas le premier auquel les Yézidis ont survécu, mais le 74e », précise le Docteur Kate Goulding dans un communiqué de presse de MSF. L’objectif de l’organisation non gouvernementale était de réhabiliter un petit hôpital à Sinuni et ainsi permettre aux habitants du district de Sinjar d’accéder à des soins. C’est là qu’interviennent Christopher Wegener et ses compétences en gestion. « Mon rôle d’administrateur était de gérer les démarches financières du projet et de recruter du personnel soignant régional. Car l’ambition de MSF est d’employer 90% de locaux dans tous ses projets, et que ainsi l’hôpital soit à nouveau géré par les autochtones ».
Afrique
Christopher Wegener retourne chez ses parents en juillet 2020. Huit mois après cette première expérience, il retrouve les bords du Léman et les terrasses des restaurants de Lavaux : « A mon retour, je me suis retrouvé avec un ami pour boire un verre, j’ai alors été happé par un sentiment de bien-être incroyable ». Enrichi de son expérience irakienne, Christopher Wegener ne s’arrête pas là. Désormais touché par le virus de l’aide à son prochain et de la vie en zones de crises, il décide de repartir pour une seconde mission. « Lorsque je suis revenu en Suisse, j’avais l’impression de me réveiller d’un long rêve ». Son courage et sa soif de découverte l’amènent à rejoindre la région d’Angumu en République Démocratique du Congo (RDC). Le rôle du jeune chexbrien fut bien différent par rapport à sa première mission : « Ce projet consistait à distribuer des médicaments pour éradiquer le paludisme ». MSF avait alors pour objectif d’administrer un traitement contre la malaria à 70’000 personnes de cette région proche du lac Albert. Christopher Wegener et ses collègues sur place se sont alors rendus dans une quarantaine de villages afin de distribuer le remède. « Pour MSF et les autres organisations, il n’est jamais facile de convaincre les habitants à ingérer un traitement venant d’ailleurs et face auquel ils manquent d’information. C’est pour cette raison que les ONG collaborent avec des villageois afin d’expliquer les bienfaits aux habitants ». Parti initialement pour quatre mois, Christopher Wegener restera un mois de plus sur place en raison des retards logistiques infligés par la crise du Coronavirus et la situation géographique de cette partie du pays. « Il faut imaginer le Lavaux, mais sans routes goudronnées, sans réseau téléphonique, avec de fortes pluies tous les deux jours ».
Jamais deux sans trois
Aujourd’hui, de retour dans son pays d’origine depuis deux mois, Christopher Wegener s’apprête à reprendre du service avec MSF : « Je repars au Soudan à la mi-mars pour porter assistance aux réfugiés en provenance d’Ethiopie et cela sera toujours pour mes compétences d’administrateur ». Le jeune vaudois séjournera à la frontière de la région du Tigré (Ethiopie) pour une durée initiale de trois mois. Une période qui pourrait évoluer en fonction du conflit des diverses ethnies sur place. Pour Christopher Wegener, son futur n’est actuellement pas au sein d’un bureau financier, car il avoue vouloir continuer à côtoyer différentes cultures lors de prochaines missions.