Votations du 7 mars
Trois objets étaient soumis à votation populaire

Christa Calpini, pharmacienne, ancienne députée au Grand Conseil VD | Le premier, l’initiative populaire « Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage » a été approuvé par 51,2% de la population. Bien que cette initiative ne concerne que 20 à 30 femmes qui vivent en Suisse et portent le voile intégral, le peuple a fait fi, et de ce constat, et du contre-projet indirect présenté par le Conseil fédéral et le parlement. Ces femmes, tout de noir vêtues et dont on ne perçoit pas le visage, irritent et dérangent. Pas la femme en elle-même mais le message qu’elle véhicule au travers de son choix (forcé ou non… qui le sait vraiment ?). Elle se met ainsi hors circuit pour exercer une activité professionnelle, faire du sport en plein air, chanter dans une chorale ou se mettre sur une liste électorale ! Dans notre société libérale et démocratique, on élève nos enfants pour qu’ils puissent assumer leur indépendance, choisir un métier qui leur plaise, être responsables… S’isoler du monde dans un vêtement qui attire l’œil va à l’encontre de nos règles de vivre ensemble. Comment une femme habitant en Suisse peut-elle en arriver là ? Chacun a son idée… mais fallait-il pour autant inscrire cette prescription vestimentaire dans notre Constitution, ne pouvait-on se contenter d’une loi ? Nous avons été contraints de voter sur le texte de l’initiative et le OUI qui sort des urnes montre que la majorité d’entre nous n’acceptons pas le camouflage du visage dans l’espace publique.
Le second objet, « Loi fédérale sur les services d’identification électronique (LSIE) » a été, rejeté à 64,4% des voix. Disons-le d’emblée, tout le monde est en faveur d’un projet d’e-Identification en vue de nous simplifier la vie lorsque nous utilisons internet (e-banking, commandes de billets de spectacle, lecture de journaux en ligne…). Pour nous identifier, nous avons quantité de mots de passe mais pas de cadre légal, ni de protection particulière d’où la loi proposée par le Conseil fédéral et le parlement. Si le but à atteindre fait quasi l’unanimité, le chemin choisi n’a pas convaincu: un projet de loi peu précis (aucun chiffre articulé concernant le coût) et l’intervention d’acteurs privés alors que le sujet est sensible puisqu’il s’agit de notre identité. Il faudra remettre l’ouvrage sur le métier en tirant les leçons fournies par ce scrutin sans appel.
Le troisième objet, « Accord de partenariat économique avec l’Indonésie » a été accepté à 51,7%. Qui dit Indonésie, pense huile de palme, déforestation et petits paysans chassés de leurs terres… Mes petits enfants sont sensibles à cette thématique et apprécient de voir écrit « Sans huile de palme » sur le bocal de pâte à tartiner. Le « Sans huile de palme » est devenu un label à succès et l’industrie alimentaire doit s’adapter. La demande de cette matière est en diminution. L’accord sur lequel nous avons voté a été signé en 2018 avec l’Indonésie. Il permet aux 97’000 entreprises exportatrices suisses un accès facilité à un marché à très fort potentiel avec un avantage concurrentiel déterminant puisque ni l’UE, ni les USA ne disposent d’un tel accord. En ces temps particulièrement difficiles pour nos entreprises, ce OUI sera un bol d’air. Mais le vote de ce jour, acceptation de justesse, montre aussi que la population suisse cautionne les accords de libre-échange à certaines conditions : les droits humains et les objectifs de développement durable doivent être impérativement pris en compte.