La Chronique de Denis Pittet – La folie des QR codes
Le nez plongé dans nos smartphones
En veux-tu, en voilà ! Les QR codes ont envahi peu à peu notre quotidien. Aujourd’hui, ils nous submergent. Bientôt plus un jour ou consciemment ou pas, nous utilisons des QR codes. Ils sont partout. Sur nos bulletins de versement, dans la rue (parkings), sur Internet, dans les musées, sur les sentiers, dans les restaurants, les buvettes, pour trouver des itinéraires à vélo, pour gérer nos contenus multimédias, pour activer WhatsApp sur nos ordinateurs ou tablettes, pour se connecter au wifi d’un hôtel, sur les cartes de visite, j’en passe et des meilleures.
Le QR code a… 30 ans ! Il signifie Quick Response Code. Il a été créé en 1994 de manière confidentielle par Masahiro Hara, un ingénieur de l’entreprise japonaise Denso-Wave, pour suivre l’itinéraire des pièces détachées dans les usines Toyota. Il a été ensuite rendu public en 1999, lorsque Denso-Wave a livré le code QR sous licence libre. On connaît la suite. En 2021 (source Wikipédia), 591’728’344 certificats européens utilisaient le QR code.
Bien. Deux exemples concrets vécus ces derniers jours. Et une mise en perspective : depuis quelques années (même déjà avant le Covid) de nombreuses grandes surfaces ne proposent plus un panel complet de leur assortiment. En gros, vous allez acheter une imprimante après deux heures de bouchon sur l’autoroute et il n’y a que deux modèles visibles dans le magasin. Evidemment, votre chouchou n’est pas là. Pas en stock. Il faut le commander. En gros, passer par le site Internet. Merci. Pour cela, plus besoin de se déplacer. Et certains crient à la faillite… Cette pratique permet des économies d’échelle et de place mais les commerces creusent leur propre tombe en agissant ainsi. Le public, lui, a modifié ses habitudes, faisant la fortune des DPD, La Poste, Fedex et autres DHL. Un nombre incalculable de trajets sont répétés des dizaines de fois par jour pour satisfaire désormais nos désirs de rapidité.
Les bons vieux catalogues ressemblent désormais à une forêt de QR codes. Tu veux acheter un club de golf ou un vélo électrique ? Tu trouves une photo et un QR code. Tu ne trouves ni la description et encore moins le prix. Tu dois te munir irrémédiablement de ton téléphone et scanner et scanner encore. Et c’est normal, c’est le progrès comme chantait Nino Ferrer. Dans un raccourci audacieux, je n’hésite pas à dire que c’est anti-social et que c’est ainsi que les familles se retrouvent silencieuses le nez plongé dans leurs smartphones à la maison ou au resto.
Ce n’est pas tout. Il y a à peine quelques jours, la police valaisanne lançait une alerte aux arnaques aux QR codes. Les pirates se sont évidemment faufilés dans ce marché aussi juteux qu’en pleine expansion. Les plus flemmards collent de faux QR codes sur les vrais et piègent ceux qui les scannent. Les plus malins agissent désormais sur les sites de vente en ligne. On n’a pas fini de rigoler avec cela. L’œil humain est totalement incapable de lire un QR code. Ce qui faisait la force de ce dernier devient potentiellement une faiblesse.
Moi je dis : rien ne vaut un bon vieux catalogue ou un bon vieux texte ou une bonne vieille liste des prix affichée au-dessus du comptoir du café du coin. Je prêche dans le désert. C’est le progrès . Salut Nino !