La chronique de Denis Pittet – Ite Missa est
La Suisse, Vaud, Lausanne et le CIO, etc. (2/3)
En 1994, Lausanne abrite donc désormais le Musée olympique et porte le titre de Capitale olympique. L’Histoire retient l’effet « aimant » du CIO pour les Fédérations sportives internationales qui accourent pour être plus près des Dieux de l’Olympe. Tout cela est exact. Entre 1985 et 1995 grosses mailles, Lausanne rend bien des villes jalouses car elle accueille – au travers en particulier de la volonté et de l’appui de Juan Antonio Samaranch (JAS) – des manifestations qu’en temps normal, on ne penserait même pas attribuer à cette ville. Vu de loin, tout va bien. En décembre 1998 éclate l’affaire Hodler dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle fait du bruit et secoue bien du monde. Le Suisse de 80 ans, vice-président du CIO et membre à vie de l’institution évoque des faits de corruptions gravissimes. Le CIO en prend pour son grade. Impossible ici d’entrer dans les détails. Une autre bombe – différente et peut-être plus forte pour la Suisse – éclate le 19 juin 1999 avec l’élection de Turin alors que Sion 2006 était certaine de l‘emporter. Le vent tourne. Le CIO n’est plus sympathique, on entre dans le gigantisme et les éléphants blancs, dans une course au fric effrénée. JAS est au cœur de la tourmente. A Lausanne, le débat devient chaud et d’aucuns pensent que le CIO c’est bien, mais que le fréquenter est délicat politiquement…
Samaranch ne changera jamais de discours : « J’aime Lausanne ». Et l’inverse ? Le jeudi 17 mai 2001 se produit l’impensable. Lausanne prend congé de Samaranch de la pire des façons. Une tente dépouillée de toute décoration, 300 invités debout sans possibilité de s’asseoir. Une manif’ anti-CIO qu’on laisse complaisamment gueuler au mégaphone devant la tente. Le tout sur fond de polémique : refus de donner la Bourgeoisie d’honneur à l’ancien franquiste ; il se contentera des Clés de la Ville qu’il qualifiera une dernière fois de « plus jolie ville du monde ». Ite Missa est. JAS quitte Lausanne, rentre à Barcelone et y décède le 21 avril 2010.
Le règne de JAS est terminé. Celui de Jacques Rogge (président de 2001 à 2013) se caractérise par beaucoup plus de discrétion. On dira volontiers de lui qu’il a mis de l’ordre à l’interne de la Maison olympique. Il lutte contre le dopage et crée les Jeux olympiques de la Jeunesse en 2007. La première édition a lieu en 2010. Le 10 septembre 2013 lui succède Thomas Bach. Il remettra son mandat en 2025 (une présidence est limitée à 12 ans) mais il se dit déjà qu’il pourrait se créer une exception et que possibilité lui soit donnée de présider une fois encore jusqu’en 2029. Un Suisse, Patrick Baumann, était son dauphin désigné mais hélas il disparaît, terrassé par une crise cardiaque, en 2018. Désormais c’est un autre nom qui émerge : David Lappartient, Français, membre du CIO et président de l’Union cycliste internationale (UCI). Il est trop « nouveau » au CIO pour être élu en 2025. En 2029, ce sera une tout autre histoire…
(à suivre)