La chronique de Denis Pittet
JO de Paris : un minutage parfait

Les JO de Paris auront été une immense mise en scène. Impossible de ne pas constater que tout a été prévu, planifié, organisé au millimètre pour que l’événement planétaire soit une réussite et cela a été le cas, au-delà sans doute de toutes les espérances, quelles qu’elles soient : espérances de l’équipe d’organisation avec cet incroyable Tony Estanguet, espérances du CIO, espérances de Macron, espérances des athlètes et bien d’autres encore.
Avant les Jeux : je ne sais pas qui avait la main sur l’incroyable calendrier virtuel définissant l’avant-JO, mais cette personne était un génie. De la crise politique majeure et ses atermoiements terribles et si français, on est passé tranquillement dans une ambiance festive et hors du temps. En particulier les médias français – France Télévision en tête – nous ont submergé d’émotions grâce à des reportages fantastiques sur l’histoire des JO, des médailles françaises, des candidatures pour ne citer que ceux-là. Tranquillement, nous avons été mis en « mode JO » sans même s’en rendre compte. Au petit matin du 26 juillet dernier, nous étions déjà chauds et le cerveau parfaitement lavé et prêt pour la fête.
Durant les Jeux : la tête, justement, on ne savait plus où en donner. Paris est déjà une ville esthétiquement magnifique mais la voilà sublimée par des sites de compétition magiques posés dans des écrins étincelants. Versailles et l’équitation, le Grand Palais, la Concorde, le Stade de France et le Stade de la Tour Eiffel entre autres. Et ce jonglage riche et permanent qui nous faisait passer de l’un à l’autre sans répit, des heures durant. La technologie aussi, avec l’intrusion majeure d’images TV inédites permettant de décomposer ou détailler les mouvements ou départager parfois jusqu’à l’absurde des nageurs au millième de secondes et des sprinters pour ces désormais fameux 5, 7cm. Des caméras partout, dans l’eau, sur l’eau, au-dessus de l’eau, au-dessus du panier de basket, partout. Et si je ne dois retenir qu’un nom (il y en a tellement) je dirai Teddy Riner et son incroyable exploit.
Après les Jeux : c’est là que cela se complique. On le vérifiera très rapidement mais je ne suis pas certain que la sortie a été aussi bien préparée que l’entrée en scène. La gueule de bois est-elle évitable ? Pas sûr. Le rideau retombé, la France va se retrouver plus que rapidement face à ses problèmes et vieux démons. On assistera aussi à n’en point douter à l’émergence des polémiques traditionnelles post-JO : dépassements de crédits, crise des sans-abris délogés sans ménagement, état de la Seine j’en passe et des meilleures.
Reste une dernière chose à évoquer : Thomas Bach a donc annoncé samedi qu’il quitterait la présidence du CIO et ne solliciterait pas de nouveau mandat. S’ouvre donc une période qui sera agitée à souhait et une campagne pour les prétendants qui s’annonce très violente et qui se terminera en mars prochain avec l’élection d’une nouvelle ou d’un nouveau président du CIO. Sebastian Coe doit moins bien dormir lui qui rêve de ce poste depuis si longtemps… Trop longtemps peut-être. Près de 13 noms circulent dans les cercles spécialisés. Mais on va rapidement monter en puissance : celui du Français David Lappartient. Le très puissant président de l’UCI, président du Comité national olympique et sportif français, récent membre du CIO, était déjà sur bien des lèvres à quelques heures de la cérémonie de clôture, dimanche soir. Et croyez-moi, cet homme est ambitieux et saura parfaitement surfer sur la vague du succès phénoménal de Paris 2024 et des futurs Jeux d’hiver français de 2030 ! Last but not least : depuis le départ du Baron de Coubertin de Paris pour Lausanne, la France n’a cessé de croire et de penser que les Jeux étaient français par essence. Lappartient président ? La pression positive des Français sur le CIO pour que ce dernier revienne à Paris sera immense. Et je pense que le CIO est tout sous le charme. Le timing est parfait.