La Chronique de Daniel Pittet – Un aéropage à convaincre
La Suisse, Vaud, Lausanne et le CIO, etc. (3/3)
Il y a dix ans, le Suisse comptait encore 5 membres du CIO. Patrick Baumann, Denis Oswald, Sepp Blatter, Gian-Franco Kasper et René Fasel. Les Etats-Unis – par exemple – ne comptent aujourd’hui que deux membres. Comme la Suisse désormais : Denis Oswald et Gianni Infantino.
Deux questions récurrentes se posent désormais : est-ce que la Suisse organisera un jour des JO (ce ne pourront être que des JO d’hiver) et est-ce que le CIO restera en Suisse encore longtemps ? Un premier constat s’impose : le CIO mène sa vie et lutte pour la survie des JO. Un deuxième constat tombe : quelques nations verraient d’un bon œil le CIO s’établir chez elles. Parmi elles, la France. Depuis longtemps, elle lui fait les yeux doux.
Histoire authentique : dans les années 1995, le président Chirac appelle tous les matins à 9 heures précises le président Samaranch. Le dialogue est le suivant : « Bonjour Monsieur le Président. Vous savez, il fait beau à Paris… ». « Merci Monsieur le Président et bonne journée ». « Bonne journée ». Tout récemment, le président Macron n’a pas caché son intérêt. Et la montée en puissance de David Lappartient ne va pas faiblir. Il est derrière le projet des JO de 2030 dans les Alpes françaises. Il aura donc fait Paris 2024 et fera sans doute 2030. Cela pèsera lourd dans le lobbying français. Face à cela, le canton de Vaud, Lausanne et la Suisse commencent à réaliser le danger. Il n’empêche qu’en giflant violemment la candidature suisse pour les JO de 2030 le 29 novembre dernier, le CIO a infligé un camouflet terrible à notre pays. Le dialogue ciblé promis à la Suisse jusqu’en 2027 pour les JO de 2038 a toutes les allures d’un leurre ou d’un pansement sur une jambe de bois.
Lausanne réfléchit actuellement à son image et son positionnement. Elle est Lausanne la Sportive et la capitale olympique. Vouloir s’affirmer sur deux tableaux a ses raisons d’être mais aussi ses faiblesses. Le canton – avec Lausanne – tourne désormais son effort vers un partenaire aussi incontournable que nécessaire pour l’éventuelle obtention de JO : la Confédération. La Confédération, soit le Conseil fédéral, les Chambres et l’Office fédéral du sport. Il y a du boulot pour convaincre cet aéropage. Dernier élément : le peuple. Personne n’imagine plus une candidature sans un vote populaire. Les spécialistes savent que c’est un pari difficile. Mais il est évident que seule une candidature portée par le Conseil fédéral aura désormais une petite chance. Le CIO déteste perdre et déteste les votes populaires. Tout est désormais fait en faveur de financements privés pour éviter l’écueil du référendum. Mais en Suisse tout est très compliqué et surtout beaucoup trop lent comparé à ce qui se fait dans d’autres pays. Et quoiqu’on fasse, la certitude de contourner un référendum n’existera jamais.
(fin)