La « maréchaussée » Burki du château d’Oron
Episode 8
Vente du château et dissolution du corps des maréchaussées
Le 21 août 1801, le château est vendu à M. Roberti et il n’y a plus de prison disponible dans le district. Les rapports mensuels des prisons cantonales déposés aux archives cantonales font défaut pour Oron dès juillet 1801 et jusqu’à la fin de la République lémanique. Il faut noter que, à la suite des troubles qui ont éclaté dans le Pays de Vaud en 1802, le Préfet national a été destitué ainsi que le sous-préfet d’Oron et son agent national. Au mois d’août 1801, François doit quitter le château et retourner dans sa maison. Il continue momentanément ses fonctions de maréchaussée. En 1803, le nouveau canton de Vaud réorganise complètement son administration. Le corps des maréchaussées est dissous et remplacé par une gendarmerie cantonale. François est trop âgé pour y être admis, il a 48 ans ! Il se retrouve sans emploi avec 5 enfants dont l’aîné à 18 ans et le plus jeune 13 ans. Il ne lui reste plus qu’à cultiver son petit domaine de 180 ares pour nourrir sa famille et payer les intérêts de ses dettes. Les révoltes paysannes de l’époque attestent que la vie n’est pas rose pour les agriculteurs. Le château étant vendu, c’est à Oron qu’il y a une prison et une chambre d’arrêt; elles sont dans l’allée d’une cave de l’auberge. La prison est humide, sans trou ni guichet dans les murs ou les portes. La chambre d’arrêt est « l’avant-prison », si bien qu’il faut sortir les détenus chaque fois qu’on veut encaver ! En constatant l’état lamentable de ces bâtiments, un Président de tribunal de Vevey, écrit « une maison d’arrêt annonce un lieu de sûreté et non le tombeau ni l’enfer des citoyens ». Voilà ce qu’on appelait parfois, le bon vieux temps ! La ferme du Bois Lederrey a subi divers agrandissements et aménagements qui n’ont pas été datés. Cependant, il semble que Jean-Antoine Burki ait agrandi le bâtiment côté est et construit au nord-est une remise où a fonctionné un manège mécanique pour entraîner un moulin à grains au moyen de 2 à 4 chevaux. Les trois-quarts côté ouest de la ferme sont encore d’une date inconnue. Il se peut que l’annexe en face de la ferme servît à l’époque de LL.EE., de prison, car elle n’a qu’une seule porte avec un cadre en chêne, une fenêtre avec des barreaux, un volet muni d’une serrure se fermant avec une clé spéciale depuis l’extérieur. Il est fort possible que le maître-charpentier ait bénéficié d’ouvriers à bon marché, assurément des prisonniers que son père lui procurait.
Sources : notes tirées d’un important travail de recherches historiques effectué par M. Max Burki, à Yverdon, au sujet de sa famille et notamment sur la maison d’Oron-le-Châtel où avait vécu l’un de ses ancêtres et qui abrita la famille Burki jusqu’en 1904.
« Les prisons vaudoises 1798-1871 » par Henri Anselmier BHV 1983