Initiative sur les rentes – Travailler jusqu’à 66 ans, l’AVS à nouveau dans les urnes
L’initiative populaire des Jeunes libéraux-radicaux souhaite relever l’âge de la retraite et l’indexer sur l’espérance de vie. L’objectif est d’éviter une faillite du système des trois piliers au cours de la prochaine décennie.

L’âge de la retraite des femmes à 65 ans à peine appliqué en début d’année, que le peuple se prononce à nouveau sur une modification du système de l’Assurance vieillesse et survivants (AVS). Au programme : le relèvement de l’âge de la retraite à 66 ans pour tous, avant que ce dernier augmente en fonction de l’espérance de vie de la population, à raison de 80 % de la durée de vie gagnée et par étape de deux mois par an au maximum. Une distinction entre les secteurs d’activité est également au programme. « Une solution par branche doit permettre aux travailleurs de la construction de prendre leur retraite plus tôt, par exemple » indique le portail du Gouvernement suisse.
Une année de plus ne suffit pas
L’initiative « Pour une prévoyance vieillesse sûre et pérenne » entend relever progressivement l’âge de la retraite à 66 ans entre 2028 et 2033. Après cette année, l’allègement des comptes de l’AVS se monterait à 2 milliards par an. Pourtant, travailler jusqu’à 66 ans ne suffirait pas à garantir le financement de l’AVS à long terme. C’est du moins le constat d’un rapport réalisé par l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS). « Selon ces calculs (…), le déficit de répartition dépasserait le milliard de francs après 2032 et continuerait de se creuser ».
« La situation exige
Les initiants
des solutions urgentes, car la dette pourrait atteindre 150 millions
de francs d’ici 2050 »
Aujourd’hui, les personnes qui reçoivent une rente augmentent plus vite que celles qui cotisent : « Créée en 1948, la prévoyance vieillesse était un système solide, elle est à présent menacée par les changements démographiques qui engendrent des problèmes financiers » relève le site des Jeunes libéraux-radicaux suisse (JLRS). Pour les initiants, les réformes jusqu’en 2030 offrent des solutions temporaires : « La situation exige des solutions urgentes, car la dette pourrait atteindre 150 millions de francs d’ici 2050 ». Sur leur portail web, la section jeunesse du PLR juge que la véritable réforme de l’AVS remonte à 1997 : « La contribution fédérale a été augmentée en 2019 de trois pourcents et les cotisations de l’AVS ont de leur côté été déduites. En 2022, la réforme AVS 21 harmonise l’âge de la retraite et la TVA augmente de 0.4 pourcent pour combler le trou de financement de l’AVS ». Pour les JLRS, ces deux actions permettent de colmater les fuites sans réellement résoudre le problème. D’après eux, leur texte se décline comme la solution pour pérenniser le financement de la prévoyance vieillesse sans réduire les rentes, ajouter des impôts ou de nouveaux endettements.
Château de cartes
« L’AVS est là pour garantir le minimum vital » indique le site des JLRS. « Les autres prestations permettent d’assurer une sécurité globale et une qualité de vie durant la vieillesse ». Pour les promoteurs de l’initiative, le scénario d’une faillite de l’AVS constitue l’effondrement du premier pilier : « En cas de faillite, les deux autres piliers ne suffiront pas non plus. Si nous n’agissons pas maintenant, nous courons le risque que les générations futures ne bénéficient plus d’une pension de retraite suffisante. »
Ailleurs, l’allongement de l’espérance de vie et le départ à la retraite des baby-boomers ont déjà été pris en considération. C’est le cas des Pays-Bas, du Danemark, de la Grèce, du Portugal, de l’Italie ou de la Suède.
Au milieu du cycle, les Suisses partiront à la retraite à 67 ans et 7 mois environ en cas d’acceptation de l’initiative. D’après les projections des initiants, leur texte réduirait l’immigration de 25 % : « Grâce à une durée de travail plus longue, davantage de travailleurs sont disponibles et intégrés au marché du travail. Ainsi, ces postes ne doivent pas être occupés par des personnes venant de l’étranger ».
Qui soutient l’initiative ?
Le PLR est pour l’heure le seul parti à soutenir réellement l’initiative. L’UDC est de son côté partagée entre cette solution qui ouvre la porte à d’autres textes pour sauver le système AVS et les milliards consacrés à la « cohésion de l’UE », à l’aide au développement, à l’asile ou encore au sauvetage des grandes banques. Pour le PS, l’initiative des rentes favorise les hauts revenus qui pourront prendre leur retraite plus tôt, alors que les employés à bas et moyens revenus devraient travailler plus longtemps. Tous les autres partis s’opposent à cette initiative. Le Conseil fédéral et le Parlement recommandent de rejeter ce texte en raison du relèvement automatique de l’âge de la retraite, jugé trop rigide et ne tenant pas compte de l’évolution de l’économie et de l’emploi.