Initiative pour la 13e rente AVS – Vers un treizième salaire pour les retraités ?
Un mois de plus par année pour augmenter le pouvoir d’achat des personnes à la retraite. C’est l’objectif de l’Union syndicale suisse. A moins de trente jours des votations, l’initiative «Mieux vivre à la retraite» apporte son lot de questions.

Comment permettre aux seniors de joindre les deux bouts ? Quels sont les impacts de l’augmentation du coût de la vie sur les retraités ? Avec quel argent financer une treizième rente ? Pourquoi les rentes versées à l’étranger impactent le système ? Pouvons-nous puiser dans les réserves ? Qui soutient l’initiative ? Comment dresser un panorama de l’initiative « Mieux vivre à la retraite » ?
Voici nos réponses.
S’en sortir avec l’AVS ?
Si le treizième salaire est au bon vouloir de l’employeur, il est néanmoins monnaie courante dans le monde de l’entrepreneuriat. Mais une fois arrivé à l’âge de la retraite et bénéficiaire de l’assurance-vieillesse et survivants (AVS), cette treizième mensualité devient un souvenir d’antan. L’initiative soumise au peuple demande la mise en place d’un treizième salaire pour les rentiers AVS. Pour les initiants, il faut compenser la perte de pouvoir d’achat : « Notre rente ne suffit plus » indique le site de l’Union syndicale suisse. « Loyers, primes d’assurance-maladie, électricité ou transports publics : les hausses de prix ont fait perdre depuis 2021 l’équivalent d’un mois de rente aux personnes retraitées ».
En termes de chiffres, voilà comment le texte influencerait le porte-monnaie des personnes concernées : « La rente de vieillesse annuelle maximale augmenterait de 2450 francs pour les personnes seules pour atteindre 31’850 francs et de 3675 francs pour les couples pour atteindre 47’775 francs, soit une augmentation de 8.3 % de la rente annuelle » détaille l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS). Ce changement au sein du système des trois piliers, cher à la Suisse, ne devra pas diminuer les prestations complémentaires (PC). Les coûts d’une treizième rente sont estimés à quelque 4,1 milliards de francs, dont une participation de la Confédération d’environ 800 millions. Des coûts qui augmenteraient par la suite pour atteindre 5 milliards de francs par an. Pour les auteurs de l’initiative, cette solution est la moins chère et la plus efficace pour améliorer les rentes : « La classe moyenne, qui ne bénéficie pas d’autres aides, en profitera directement. »
« La fortune de l’AVS atteindra d’ici la fin de
Union syndicale suisse
la décennie 67 milliards de francs. Soit environ 20 milliards de francs
de plus qu’aujourd’hui ».
Avec quel argent ?
C’est la question qui inquiète le plus grand nombre. Dans son texte, l’Union syndicale suisse n’apporte que peu d’éléments à ce sujet. Elle laisse le Parlement définir des modes de financement d’une treizième rente. C’est d’ailleurs l’un des principaux arguments avancés par les opposants. Aujourd’hui, le financement de l’AVS est principalement généré par des contributions salariales : « Il serait nécessaire d’augmenter ces dernières entre 8.7 à 9.4 % », relève l’OFAS. Comme c’est déjà le cas aujourd’hui, la moitié serait à la charge des employés et l’autre à celle des employeurs. Un principe qui resterait identique pour le financement de cette augmentation. Une participation par la TVA est également envisageable, mais impliquerait une hausse entre 8,1 à 9,1 % de cette dernière. Pour atteindre la somme de cinq milliards annuels, une combinaison des deux ou un autre mode de financement serait possible afin d’obtenir les 50 milliards essentiels au fonctionnement de l’AVS.
Combien de rentiers à l’étranger ?
D’après les statistiques, 800’000 Suisses vivent hors des frontières helvétiques. La hausse du coût de la vie en Suisse pour les retraités est l’une des principales raisons de leur départ à l’étranger. 23 % d’entre eux sont des séniors, soit près d’un bénéficiaire sur quatre. Un pourcentage en augmentation, puisqu’entre 2021 et 2022, on observe une évolution de 3.4 % des expatriés touchant l’AVS : « Chaque année, l’AVS transfère 7 milliards de francs à l’étranger » relève SwissInfo.
Pouvons-nous puiser dans les réserves helvétiques ?
Les comptes 2022 de l’AVS ont bouclé avec une fortune de 47 milliards. Il faut savoir que la loi oblige l’AVS à disposer de réserves suffisantes, pour garantir le paiement des rentes en cours de tous les retraités pendant une année. Pour les promoteurs de l’initiative, la situation financière de l’AVS est stable et loin des scénarios catastrophes avancés ces dernières années : « La fortune de cette assurance sociale atteindra d’ici la fin de la décennie 67 milliards de francs. Soit environ 20 milliards de francs de plus qu’aujourd’hui » avance le site de l’Union syndicale suisse.
Pour respecter la législation et éviter de mettre en danger les prestations dues par l’AVS, cette fortune n’est pas disponible pour financer une treizième rente. Cela constituerait une dette de l’assurance invalidité (AI) envers le fonds AVS, apprend-on de l’OFAS.
Qui soutient l’initiative ?
Pour le PS, qui défend le texte proposé par l’Union syndicale suisse, la perte du pouvoir d’achat doit être compensée. En se promenant sur les sites des divers partis politiques, on peut constater que l’initiative « Mieux vivre à la retraite » séduit de manière générale la gauche. A droite, les membres de l’UDC y étaient favorables. Mais suite au risque de l’effondrement de l’AVS en cas d’acceptation par le peuple, l’UDC change son fusil d’épaule. Comme le Conseil fédéral et le Parlement, le PLR recommande de rejeter un salaire supplémentaire pour les séniors.