Image d’antan
Il y a un siècle, la diligence était un moyen de transport très prisé en Gruyère
Gérard Bourquenoud | Après des années de service sur des routes caillouteuses, la diligence de la Gruyère a effectué pour la dernière fois le parcours Charmey-Bulle en 1912. Tirée par deux chevaux et conduite par un cocher qui était assis sur le toit pour permettre à quatre personnes de prendre place à l’intérieur. Elle était un luxe à l’époque.
Ma mère, qui était née en 1894, nous contait fréquemment des anecdotes du temps de son enfance et de sa jeunesse. En 1912, alors qu’elle était âgée de dix-huit ans, elle faisait à pied deux fois par jour le trajet Pringy – Broc pour travailler à la fabrique de chocolat Cailler à raison de 20 centimes de l’heure. De ce fait, elle croisait régulièrement la diligence qui se rendait de Bulle dans la vallée de la Jogne. Elle a eu l’opportunité de voyager avec ce postillon, uniquement pour rendre visite à une tante qui habitait Charmey. A plusieurs reprises, elle m’a dit que le plus pénible pour les chevaux était la montée « En Bataille », de Broc jusqu’au château de Montsalvens. Ce fut donc une ère formidable pour ma mère qui, en une seule vie, a passé de la diligence à l’aventure lunaire.
Elle se souvenait aussi que cette route de la vallée de la Jogne qui conduit au col du Jaun, Gstaad et l’Oberland bernois était, à l’époque, très animée au printemps, lors de la montée des troupeaux à l’alpage et en automne lors du retour en plaine. Cette tradition a d’ailleurs été maintenue de nos jours lors de la désalpe à Charmey.