Féministe et défavorable à Prévoyance vieillesse 2020
Si je me suis intéressée à la politique, c’est à cause ou grâce à des femmes comme Christiane Brunner et Ruth Dreyfuss. Je vous parle des années 90 et spécialement du moment où Christiane Brunner s’est fait évincer du Conseil fédéral. J’ai aimé sa façon de refuser les compromis. Ça c’était du féminisme! Ma déception est d’autant plus grande actuellement de voir que ces mêmes femmes accompagnées de beaucoup d’autres, spécialement chez les socialistes, se mobilisent en masse en faveur de cette réforme, nous encouragent à faire des compromis, à accepter ce paquet proposé par Monsieur Berset qui est un moindre mal selon elles.
En tant que féministe mais surtout femme de gauche, je refuse ces compromis. J’en ai fait assez. Notre génération, dont fait partie Madame Ryf qui s’est exprimée la semaine passée dans ces colonnes en faveur de la réforme, a déjà fait assez de concessions. Quand je suis rentrée à la caisse de pensions de mon employeur en 1987, j’ai reçu une belle lettre qui m’informait que je serais à la retraite en 2019. Quand on a 30 ans, la retraite nous paraît bien loin. Puis nous sommes passées gentiment de 62 à 63, pour terminer à 64 ans depuis 2005. Donc 2 ans de pris tout doucement sans créer de remous. Pour autant, notre charge de travail n’a pas diminué. Nous nous occupons toujours de nos foyers, assurons un travail à l’extérieur, tout cela avec le sourire! Et ce qui n’est pas souvent souligné mais qui est pourtant bien réel pour notre génération des 60 ans, c’est que nous avons des petits-enfants en bas âge, puisque nos enfants ont fait des enfants bien plus tard que nous, et nous avons encore nos parents qui nécessitent de plus en plus d’aide, soit-elle morale, physique ou administrative. Donc sur tous les fronts. Mais cette aide que nous fournissons gratuitement a aussi un prix et représente tout de même un appui non négligeable pour la collectivité en évitant des frais de garderie, d’aide à la personne ou de placement en EMS.
Je pense que c’est assez. Qu’être féministe, c’est lutter et non prôner des compromis en menaçant des pires représailles si le projet n’est pas accepté. Les féministes d’antan qui étaient souvent socialistes d’ailleurs luttaient avec beaucoup plus de conviction que nous. Il n’y aurait plus d’argent dans nos caisses? Peut-être dans celle du deuxième pilier. Mais rappelons-nous que nous n’avons toujours pas l’égalité salariale. Environ 18% de moins de salaire pour les femmes. Si par un merveilleux miracle, on remettait tout les travailleurs au même niveau, cela représenterait une somme de 7,7 milliards de revenus supplémentaires dont les cotisations renfloueraient déjà les caisses de l’AVS. De quoi voir venir comme on dit en bon vaudois….Et je ne parle pas des cadeaux fait aux entreprises avec RIE3, des fraudes fiscales, etc. Tout cela aussi c’est de l’argent qui serait profitable pour les retraités. Pas la même caisse me direz-vous? Redistribuons mieux les revenus.
J’ai regardé Temps présent du jeudi 7 septembre sur les retraités qui sont pauvres (la majeure partie). C’est juste révoltant. Que des gens qui ont travaillé toute leur vie n’aient même pas de quoi vivre en Suisse. Alors oui ce système d’AVS n’est pas au point, tout le monde est d’accord. Mais ce n’est pas en acceptant des «compromis» comme disent si bien les défendeurs de cette réforme que nous rendrons cela possible. Il faut continuer à lutter jusqu’à ce qu’on nous propose une réforme qui ne néglige ni les femmes, ni les plus pauvres. Une AVS qui permette à toute personne qui a travaillé de pouvoir vivre une vieillesse décente et sereine. Et là, nous en sommes encore loin.
Je dis non à cette réforme! En premier parce que je suis une femme, mais aussi parce que je suis convaincue qu’on peut nous proposer mieux!
Je voterai 2x NON.
Monique Misiego Présidente POP Section Lavaux-Oron et Riviera
Renseignements sur www.touchepasamaretraite.ch