Fact-checking
Comme un soulagement après une interminable attente, un samedi ensoleillé, est tombée la nouvelle : le retard ne peut plus être repris, Joseph R. Biden est le président élu. Exit Donald Trump. Tous les recomptages et autres actions juridiques ne figureront dans l’histoire qu’au rang des derniers sursauts d’un géant agonisant. La messe est dite. Attardons-nous toutefois sur la nouveauté qui a fait trembler toutes les rédactions intéressées… Dans la communication du 45e président, une petite révolution a lieu. Le contenu comme le contenant sont radicalement changés, une première dans l’histoire. Des décisions prises à l’emporte-pièce, présentées avec un vocabulaire « FALC » (Facile A Lire et Comprendre) voire provocateur ou arrogant, le tout communiqué à travers Twitter. Du jamais vu ! Le contenu d’abord. A force d’asséner des vérités toutes relatives, le rôle du journaliste jusqu’ici cantonné à relayer les propos entendus à sa rédaction, s’est vu compliqué d’une obligation de vérifier les chiffres, les assertions et les « vérités alternatives » mentionnées. La vérification des faits – ou Fact-checking – était née. Sans entrer dans l’historique des conférences de presse à la Maison Blanche qui relevaient plus du pugilat verbal qu’à la transmission d’informations gouvernementales, la majorité des décisions du président se sont vues communiquées via un flux quasi ininterrompu de tweets, un message remplaçant l’autre. L’adage « trop d’information, tue l’information » n’a jamais été aussi consciencieusement illustré ! Comme conséquence, en rédaction, on a vu naître une nouvelle cellule, celle du Fact-checking. Nouvelles charges pour des rédactions déjà mises à mal par la montée en puissance de l’internet, mais le prix de la crédibilité d’un média était à ce coût. A l’heure actuelle, l’analyse des faits par des journalistes spécialistes s’est normalisée et a renforcé la crédibilité de la presse. A ce titre, je tiens à remercier le président sortant. Il a créé le Fact-checking et est mort par lui… il ne le sait sans doute pas encore, laissons-le finir son
parcours de golf.