Exemplarité
Faut-il séparer l’homme de son œuvre ? Le Temps a révélé, dimanche dernier, une enquête que l’on aurait souhaité ne jamais lire tant elle questionne intérieurement. Par delà la stupeur qui nous fige un instant, l’impression sourde de trahison surgit ; comment a-t-on pu donner le bon Dieu sans confession à ce gendre parfait si les faits se révèlent exacts ? La présomption d’innocence doit prévaloir mais le mal est fait. Difficile et long sera le chemin vers le blanchiment, la rédemption. La chute est d’autant plus lourde que le personnage était haut dans l’estime de la population. Mais la présomption d’innocence doit prévaloir à l’heure actuelle, c’est l’heure du questionnement : Pourquoi accorde-t-on une telle confiance à un individu particulier ? La question est valable pour les gens des médias, autant que pour les politiques. S’il fallait un exemple, le président américain ferait figure de champion. Comment mentir effrontément, se comporter comme un goujat de la plus basse espèce et malgré cela maintenir le respect et l’appréciation d’une majorité ? Avons-nous encore besoin au XXIe siècle d’une figure tutélaire à qui l’on peut tout pardonner dans le seul but qu’il nous guide ? Nietzsche dans sa bataille a lui dû se résoudre: l’humain a besoin d’un Dieu. La question de cette confiance aveugle touche toute la gamme de nos relations. De l’enfant à l’adulte en passant par nos supérieurs et nos idoles. Le pardon est souvent donné à certains, très difficile à rétablir envers d’autres, parfois le ressentiment crasse reste durable. La question de l’Homme et de son œuvre reste ouverte. Elle est cornélienne et ne se résout qu’au cas par cas. Difficile ici de définir une règle, mais s’il ne fallait en mentionner qu’une, ce serait celle de l’exemplarité, en politique comme dans les médias : l’hôpital ne peut pas se moquer de la charité.