Etat sanitaire des forêts – Conséquences et opportunités
Assemblées générales de la Coopérative bois-énergie Jorat-Broye et du Groupement forestier Broye-Jorat

Jeudi 10 octobre, les membres des assemblées des acteurs de la forêt tenaient séances à la cafétéria du Centre sportif d’Oron-la-Ville. Daniel Henry, président de l’AG des deux entités ouvrit la séance de la Coopérative Bois-énergie Jorat-Broye à 19h.
Panneaux photovoltaïques et réflexions sur la création d’une centrale de chauffe
Les travaux des installations de panneaux photovoltaïques sont en cours sur les dépôts à plaquette de Carrouge et Moudon. Les coûts sont respectés. Daniel Sonnay, président du comité du Groupement forestier confirma l’acceptation de la demande de prêt, pour ces travaux, de Fr. 100’000.- au taux de 1.8 %, remboursable sur 10 ans, par le Groupement à la Coopérative, dès le 30 octobre. « Si Oron envisageait de construire une importante centrale de chauffe sur l’ancien emplacement de l’usine EFSA, où viendra Lidl, est-ce que la Coopérative pourra fournir suffisamment de plaquettes ou quel volume serait disponible ? » interrogea-t-il. « La Coopérative ne pourra pas assumer l’entier de l’approvisionnement, mais ce serait l’occasion d’étudier le coût et la possibilité de mettre un système qui permet de brûler de la branche, pour laquelle il n’y a actuellement pas d’installation » proposa Marc Rod, garde forestier, en charge de cette dernière qui annonça qu’enfin la place d’Armes de Moudon a recommencé à consommer du bois après une année d’attente pour la pose de filtres. Les tarifs seront à revoir.
Un budget prudent qui se calque sur l’évolution du climat et ses conséquences pour la forêt
A 19h30, le président ouvrit la seconde séance. Au chapitre du budget 2025, d’un montant total de 1’575’586.-, figurent de nouvelles charges pour les honoraires de révision du plan de gestion pour un montant de Fr. 47’000.-, qui seront réglées par une subvention cantonale à hauteur de Fr. 10’700.- et le solde par les membres du Groupement forestier. « Ce transfert est dû à la dissolution de la Fédération des triages forestiers du 5e arrondissement, créé lors des dégâts occasionnés par le passage des tempêtes Lothard et Martin les 26 et 28 décembre 1999. Actuellement elle ne fonctionne plus que comme banque. Perçue comme doublon, elle sera dissoute à la fin de l’année. Afin de garder les contacts entre les acteurs du 5e arrondissement forestier, il est envisagé de mettre en place une plateforme d’échanges pour discuter des différents enjeux et problématiques » informa Damien Jordan, inspecteur du 5e arrondissement. Marc Rod signala qu’afin de garder un budget prudent et de ne pas trop augmenter la participation des communes, des montants ont été repris des fonds de réserve, car des frais plus importants dus au climat et à ses aléas sont à prévoir. Budget 2025 adopté.
Météo et ravageurs compliquent les tâches forestières
« Cette année humide a occasionné des difficultés d’exploitation. Il a manqué de personnel, chacun a fait de son mieux. Courant novembre et décembre 2024, les pluies ont provoqué des glissements de terrain et de nombreux dégâts sur les chemins forestiers d’où une augmentation des charges. Des foyers de bostryches se sont développés tout au long de l’année, grignotant les possibilités de coupes. Est-ce que les forêts sont trop mûres ? Le prix du bois chute et que faire du bois bostryché ? Autant de questions à régler, mais continuons à maintenir le bon état des forêts et à nous battre pour elles » affirma Daniel Sonnay.
Mathurin Pidoux, garde forestier fut le rapporteur du rapport des gardes « la saison de coupes vient de commencer. Au niveau météo, celle-ci fut bonne pour la forêt qui a énormément poussé, mais pas pour les ouvriers et les machines. Nous avons dû travailler dans l’urgence au niveau des soins culturaux. 6000m3 de bois bostryché ont dû être abattus (3x plus qu’en 2023), soit un tiers des possibilités de coupes. Lors de la prochaine saison, certaines coupes seront retenues et compensées par des plantations et d’autres travaux ». La bienvenue fut souhaitée à Christophe Rémy, du Pays-d’Enhaut, qui remplacera Didier Gétaz, garde forestier du triage de la Haute Broye absent jusqu’au printemps
prochain, pour raison de santé.
Informations de Damien Jordan, inspecteur forestier
« Après 2018, nous avons subi une explosion d’attaques de bostryche sur les épicéas. Selon la loi, le propriétaire est obligé de lutter pour éviter la propagation. Une mesure transitoire a été prise, soit l’augmentation du taux de subventions à 100 % du coût pour les propriétaires privés et une harmonisation à 80 % pour les propriétaires publics. Il est important d’intervenir dans les 5 à 6 semaines dès la détection. On constate un manque de ressources sur le terrain ce qui rend la situation ambiguë. » Il fit le résumé du Plan d’action sols vaudois 2025-2030 relatif à l’importance du sol forestier (30 % du sol VD) visant à intégrer la protection des sols lors de tous travaux en forêt, également pour ceux effectués par les privés. Il apporta une information concernant le concept global de dessertes forestières, soit 75 km purement forestiers. La projection de la version quasi finale est en passe d’être validée. Des défauts ont été identifiés ainsi que des rénovations à apporter. Un budget de 3,5 millions a été attribué à ces travaux, échelonné au fil des années.
Du bois bostryché utilisé dans les constructions cantonales
Sylviane Gosteli, responsable de l’économie forestière et de la promotion du bois, indiqua que la DGIP (Direction générale des immeubles et du patrimoine) projetait d’utiliser du bois bostryché pour la construction des 7 bâtiments prévus, tels que le Centre d’entretien de Rennaz et le Gymnase du Chablais, soit quelque 73’000m3 cubé scierie. « Il s’agit d’un changement fondamental, un beau défi à relever ».
Steve Gander, représentant de La Forestière, société coopérative chargée de la commercialisation des bois, signala qu’il existait une clientèle pour le bois bostryché, dont un client en Italie. Mais grâce aux constructions cantonales, il se verra revalorisé. D’autre part, le bois étranger reste plus compétitif et les grandes scierie sont à la recherche de bois vert. Il signala un projet de Romande Energie à Puidoux qui nécessitera un volume conséquent de bois. « Nous sommes en pourparlers avec diverses scieries et discutons avec les gardes forestiers. » Il ajouta que de juillet 2023 à juin 2024, le Groupement a fourni 4037m3 de bois pour 15 clients. « Constater un progrès dans l’utilisation des bois bostryché est bien, mais il faut avant tout faire évoluer les tolérances. Un gros travail d’adaptation est à fournir par les architectes » souligna Daniel Sonnay. Didier Gétaz regretta la restriction voulant que les constructions cantonales doivent être réalisées uniquement avec des bois issus des forêts cantonales ou provenant de baux à ferme au sein des groupements auxquels participe l’Inspecteur forestier, et non pas avec l’entier du bois vaudois.
A l’issue des débats, Michaël Glauser, ancien stagiaire auprès du Groupement forestier, actuellement à l’école des gardes et qui reviendra début novembre pour la suite de son stage, présenta une explication du système des forêts protectrices ainsi que le processus et les éléments à prendre en compte pour l’obtention de subventions. Daniel Henry fixa au jeudi 15 mai 2025 l’AG de printemps qui se déroulera à Moudon et remercia la commune d’Oron pour l’apéritif qui attendait les assemblées.