Cully – Ça va faire jazzer
Cully Jazz Festival 2023, c’est dès demain 14 avril
Proposition unique en son genre sur les bords du Léman à cette période de l’année, le Cully Jazz Festival revient en grande pompe pour sa 40e édition. Une nouvelle cuvée dans l’esprit historique d’éclectisme et d’ouverture de ce rendez-vous annuel désormais ancré dans l’agenda des habitants de Lavaux. Tour d’horizon à l’approche de cette entrée dans l’âge mûr. Comme à l’approche de toute grande fête, l’émulation est palpable aux bureaux du Cully Jazz Festival. Dans la cité du Major Davel, chaque festival est un nouveau défi. Et ce ne sont pas les trente-neuf précédentes éditions de ce rendez-vous toujours couronnés de succès qui apaisent Jean-Yves Cavin, co-directeur du festival depuis 2016. Chaque jour, l’on scrute les deux données essentielles à la bonne marche de ces neuf jours de fête : la billeterie et la météo.
De ces deux variables, la courbe de la première semble en tous cas réjouissante : l’engouement tend même à être plus fort encore que les années précédentes à la même période et plusieurs spectacles affichent bientôt complet. Il faut dire qu’après deux éditions émaillées par le Covid, l’une annulée, l’autre au sortir de celui-ci, il y a comme un besoin de retrouver ces temps insouciants de fête et de culture.
Rares sont les festivals qui portent aussi bien leur nom que le Cully Jazz. Car de Culliéran, ce rendez-vous du mois d’avril n’a pas que l’appellation. Ancré dans le calendrier culturel de la commune de Bourg-en-Lavaux, son équipe d’organisation reste, malgré une reconnaissance internationale, composée pour un quart d’habitants du village. Au contact direct de la population, les deux co-directeurs savent pertinemment que le moindre faux-pas risque de leur être reproché. D’où une volonté tenace de rester à l’écoute des besoins de chacune et de chacun.
Quant au côté « Jazz », on le ressent à deux niveaux. Premièrement, dans la liberté et l’éclectisme de cette programmation qui, loin de s’enfermer dans une vision trop puriste, ouvre ses portes à toute la diversité du genre. Secondement, à travers les capacités de cette équipe à se remobiliser quoi qu’aient représenté les difficultés de ces deux dernières années. Me revient cette phrase de Miles Davies qui disait en substance que les fausses notes n’existaient pas et que c’était toujours au jazzband de s’adapter si un musicien mettait une note de travers. Si l’annulation puis le stress de la reprise post-Covid ont pu constituer cette note prise un demi-ton au-dessous de la cohérence harmonique, le staff du Cully Jazz semble être capable de rebondir sur ce bémol et de faire de cette nouvelle édition une grande fête populaire et artistique.
Les recommandations de Jean-Yves Cavin
Devant une telle diversité de propositions (plus d’une centaine entre la scène IN et la scène OFF) difficile parfois de faire son choix. Nous avons laissé la parole à Jean-Yves Cavin afin de nous aiguiller en définissant le spectacle idéal pour chaque profil de festivalier.
Pour une personne qui n’aurait jamais mis les pieds au Cully Jazz ?
« J’ai envie de dire que ça dépend ce qu’il aime comme musique, mais s’il y a un artiste qui incarne vraiment le festival, c’est Erik Truffaz, le premier soir au chapiteau. Truffaz, c’est un trompettiste formidable, fort sympathique, qui a un long historique avec le festival. Chaque nouveau projet, il vient le présenter à Cully. C’était un des pionniers en France de ce mélange jazz/hip-hop. Pour moi, il incarne vraiment cet esprit, les pieds très fortement enfoncés dans le jazz patrimonial et très ouvert sur la modernité. »
Pour un·e passionné·e de jazz ?
« Je l’orienterai vers quelque chose qu’il ne connaît pas, donc probablement Myele Manzanza, un incroyable batteur londonien. Il y a une formidable scène de jazz à Londres, explosive, très impressionnante, un système assez génial pour faire émerger les talents qui s’appelle Tommorow’s Warrior. C’est vraiment un groupe super, et je me réjouis beaucoup de voir en live cette explosion de jazz jouée en vrai. C’est aussi pour ça qu’on aime le jazz, par rapport à la pop, beaucoup plus «produite», où ce qui se passe sur scène est beaucoup plus convenu. C’est vrai que le jazz a encore cette forme de liberté assez incroyable, et que lui incarne particulièrement bien ça. »
Pour une famille avec trois enfants?
« Ces trois enfants, il y aurait des filles dedans ? Je pense que c’est très important de montrer qu’il y a des femmes qui jouent sur scène pour que ça donne envie aussi aux filles de faire de la musique. On a une grosse part féminine dans le programme, il y a beaucoup de filles très intéressantes qui jouent et qu’on a essayé de mettre en avant. Kid be Kid, par exemple, c’est une artiste incroyable, qui est pianiste, chanteuse, qui fait de la beatbox. Elle est toute seule sur scène et elle fait tout. Elle est incroyable de technique et de démonstration. Tenir une scène entière toute seule avec toutes ces compétences technique, c’est vraiment génial ! »
Pour une bande de potes qui viennent faire la fête ?
« Mulatu Astatke et Kokoroko, le dernier samedi au chapiteau. Mulatu, c’est un incroyable vibraphoniste ethiopien. Il est hyper sympa à écouter, hyper chill. C’est un concert debout, on peut déambuler et boire des coups. Et Kokoroko, c’est justement cette scène londonienne assez fascinante. Ils viennent de sortir un album magnifique. C’est tout à fait sympathique pour se laisser emporter par la musique et ne vraiment pas se prendre le chou ».