Crédibilité Suisse
Dernier né des embarras suisses, l’achat de Crédit Suisse par l’UBS ce dimanche soir. Acté dans l’urgence – les marchés n’attendent pas, ma bonne dame ! – la Berne fédérale a fait l’entremetteur pour garantir des sommes obscènes afin de sauver le système financier mondial avant l’ouverture de la bourse de Tokyo. Cette décision contre nature pour un pays si appliqué au temps long ne lasse de surprendre par sa rapidité.
3 milliards pour le rachat des actions, une garantie de 9 milliards pour contrer d’éventuels actifs « pourris » et une autre de 100 milliards comme prêt remboursable sous forme de liquidités. Ces garanties seront soumises au Parlement dans un délai de 6 mois. Notre Ministre des finances refuse de parler de sauvetage en arguant d’une opération commerciale. On parlerait de 209 milliards au total pour cette « opération » …
La stupeur et le choc, la frustration et la colère cohabitent, alors que quelques jours plus tôt au Parlement, ajouter 7 francs mensuels pour nos petites têtes grises venaient d’être sèchement refusés.
Ce qui surprend n’est pas cet événement en particulier, mais plutôt la succession des « Breaking News » qu’offre notre petite contrée ces dernières semaines. C’est un peu la gueule de bois, la prise de conscience brutale que la Suisse n’est pas meilleure que les autres. Le réveil est difficile.
La Suisse, forte de sa stabilité, sa sécurité et son consensus légendaire était au-dessus de tout soupçon. Sa crédibilité était garante de ses bons offices. L’honnête citoyen, le méticuleux ouvrier et le discret diplomate, valeurs cardinales de notre nation charmante où les investisseurs comme les riches touristes se rendaient pour échapper des turpitudes du monde… tout en contribuant à l’économie, voir à la finance.
La confiance est perdue, à l’interne comme à l’internationale. La Suisse fait face aux intérêts financiers et aux luttes partisanes, comme les autres, pas mieux.