Coupe de l’America, jour d’espoir
Après un départ en demi-teinte, ce n’est pas peu dire, l’équipe d’Alinghi Red Bull Racing a aligné quatre défaites consécutives dans les demi-finales contre INEOS Britannia, cinq revers signifiant le retour à la maison.
Alinghi nous a pourtant fait rêver. A Auckland en 2003, certains d’entre nous se sont levés au milieu de la nuit pour assister aux régates qui allaient sacrer le team suisse, pour la première fois de son histoire, et le faire entrer dans la légende de la Coupe. Par cinq victoires à zéro, Alinghi, avec Russell Coutts à la barre, bat en effet les Néo-zélandais et devient le premier team européen à remporter la fameuse Aiguière d’Argent.
En 2007 à Valence, le Defender Alinghi, mené par le skipper Brad Butterworth et le barreur Ed Baird, conserve le trophée en dominant les Kiwis par cinq victoires à deux.
En 2010, les Suisses sont défaits, sur l’eau comme devant les tribunaux. Au large de Valence, l’aile rigide des Californiens a raison de nos Suisses. Après avoir navigué sous plein d’yeux enthousiastes sur les eaux du Léman, Alinghi partant du Bouveret s’envole au-dessus des Alpes, pendu à un hélicoptère, un dinosaure gigantesque, un MI-26 venu spécialement de Russie. Des milliers de personnes assistent, ébahis, à cet événement exceptionnel.
Alinghi va-t-il à nouveau nous faire vibrer ?
Disons que c’est possible à l’heure où nous écrivons ces lignes, lundi soir. Alinghi Red Bull Racing vient de remporter une victoire décisive contre INEOS Britannia. Au 3e bord, sous un vent faible et dans des conditions instables, les Anglais posent leur voilier. Alinghi leur prend alors jusqu’à plus de cinq cents mètres et creuse encore l’écart. On y croit ! Après avoir déjaugé, les Anglais posent à nouveau Britannia sur les eaux méditerranéennes. L’avance des Suisses grimpe à 1920 mètres. Mais non ! Eux aussi finissent par poser leur voilier.
Le suspense est total, les deux voiliers naviguant à moins de dix noeuds, comme au Bol d’Or. Malgré tout, les Anglais reviennent. Les juges affichent le temps restant, la Race Time Limit fixée à 15 minutes. Ce temps suffira-t-il à nos Suisses pour passer la ligne et maintenir leur avance ? Rien n’est moins sûr. Tout peut encore basculer !
Mais non ! On ne repart pas d’une demi-finale de la Coupe après cinq défaites consécutives. A quarante et une minutes et vingt-deux secondes, à quelques minuscules minutes du temps règlementaire dans une course raccourcie d’un tour, Alinghi franchit la ligne d’arrivée à neuf noeuds, un foil en l’air, l’autre labourant l’eau. Il passe la ligne, remporte cette cinquième course et prend le cap de l’espoir.
Mardi étant jour de repos, c’est mercredi seulement que nous saurons si l’aventure se poursuivra. Nous donnerons alors des nouvelles de NYYC American Magic, eux aussi revenus un à quatre contre Luna Rossa Prada Pirelli Team.
J’aimerais pouvoir écrire que le rêve continue.