La petite histoire des mots – La chronique de Georges Pop
Youtubeur
A l’issue d’un suspens qui aura duré un mois, les fans d’Inoxtag sont désormais fixés et exaucés : le jeune « youtubeur » français de 22 ans a bel et bien atteint le sommet de l’Everest. Pour mener à bien ce projet, le jeune homme s’est préparé en seulement une année. Toute sa préparation, ainsi que son ascension, ont été filmées pour produire un documentaire intitulé « Kaizen : 1 an pour gravir l’Everest ». Il a été vu la semaine dernière par des dizaines de millions de fans.
À l’occasion de la mise en ligne de ce documentaire, le mot « youtubeur » s’est répandu comme une trainée de poudre, non seulement sur les réseaux sociaux, mais aussi dans la presse écrite et les médias de masse. Certains puristes – il est vrai – lui ont préféré le terme de « vidéaste », même si la définition de ce dernier terme n’est pas tout à fait la même.
Inutile de chercher le mot « youtubeur » dans le dictionnaire de l’Académie française, il ne s’y trouve pas. En revanche, de nombreux dictionnaire, en ligne notamment, l’ont titularisé. Ils en donnent, dans les grandes lignes, la définition suivante : personne qui poste, c’est-à-dire qui diffuse en ligne, des vidéos la mettant en scène de façon régulière, sur une plateforme de partage de vidéos. Les « youtubeurs » traitent de sujets très divers comme les jeux vidéo, les conseils de beauté, la forme physique, l’humour, ou… leurs activités nombrilistes.
Jusqu’au début des années 2000, le mot « youtuber » n’existait pas. Il a littéralement jailli du néant (You Tuber, en anglais), en février 2005, aussitôt après la création de YouTube par trois anciens collaborateurs de l’entreprise américaine de service de paiement PayPal. Le succès de ce site d’hébergement de vidéos, racheté en octobre 2006 par Google pour la coquette somme de 1,65 milliard de dollars, fut spectaculaire, mondial et instantané. Il se porte d’ailleurs de mieux en mieux. Entre septembre et novembre 2023, par exemple, YouTube a enregistré environ quelque 113 MILLIARDS de visites.
Si la plupart des « youtubeurs » exercent cette activité par loisir, certains y ont vu un filon pour se remplir les poches. En effet, lorsqu’elles sont très suivies, les vidéos peuvent rapporter de l’argent à leur auteur, grâce à des revenus publicitaires. Avec plusieurs millions d’abonnés sur sa chaîne You Tube, le Genevois Julien Donzé, alias Le Grand JD, est sans doute le plus célèbre des youtubeurs suisses. Il s’est fait connaitre par des reportages sur le terrain au Japon, en Irak ou encore sur les traces du lynx dans le Jura. Mais il excelle, avec un certain humour, dans le registre de l’étrange, en passant la nuit dans des lieux prétendument hantés pour y traquer des fantômes.
Pour utiliser YouTube, et devenir « youtubeur », il faut avoir au moins 13 ans. Cependant, les enfants plus jeunes peuvent accéder à l’application YouTube Kids, sous la surveillance de leurs parents. Le mot « youtubeur » existe aussi au féminin. On dira alors une « youtubeuse ». Quant au verbe « youtuber », il signifie tout simplement utiliser You Tube. Il peut-être transitif ou non. On peut parfaitement « youtuber » quelqu’un ou quelque chose.