Cinéma – Last dance, de Delphine Lehericey
Sortie les samedi 11 février, 20h et dimanche 12 février, 16h – Au cinéma d’Oron
Après Le milieu de l’horizon, nommé meilleur film et meilleur scénario au prix du cinéma suisse 2020, la Suissesse, Belge d’adoption, Delphine Lehericey revient sur les grands écrans avec Last dance. Le film porté à l’écran par François Berléand recevait en août dernier le prix du public UBS au festival du film de Locarno.

On l’avait laissée avec l’histoire d’une famille au bord de l’implosion, le temps d’un été au sein duquel les températures ne cessaient de grimper. Par un crescendo magistral, les nerfs des protagonistes étaient mis à rude épreuve dans ce drame mémorable. L’adaptation cinématographique que proposait Delphine Lehericey du Milieu de l’horizon marquait par la puissance des émotions qu’elle parvenait à susciter. Avec Last Dance, la réalisatrice suisse utilise toute la sensibilité au cadre familial qui est la sienne, au profit de l’humour. Il s’agit cette fois-ci d’une famille bourgeoise fondée par un homme (Germain) et une femme (Lise) qui se sont beaucoup aimés. Lorsque Lise meurt subitement, la dynamique familiale doit être renégociée. Les enfants, sortes de control-freaks accros aux post-its, bombardent leur père d’un planning strict de visites et de rendez-vous. Ce dernier refuse néanmoins l’infantilisation que sa progéniture tente de lui imposer, et les évite afin de tracer sa route comme il l’entend. Pour lui, il s’agit en effet de faire ses adieux à la femme qu’il a aimée en reprenant sa place dans un spectacle de danse contemporaine. Il semble ainsi trouver une autre famille avec laquelle exprimer son deuil : celle que forme la compagnie de danse, plutôt que celle que forment ses enfants et petits-enfants. Les fils de l’histoire s’entremêlent, ajoutant étape après étape des nouvelles formes de comique.
Ainsi, Germain est de plus en plus entouré lorsqu’il cherche de la solitude. On lui colle aux basques une voisine chargée de lui apporter ses repas quotidiennement, une jeune élève qu’il doit aider à faire ses devoirs, une partenaire de danse qui semble immédiatement raide dingue de lui : le croustillant de Last dance réside dans les stratagèmes trouvés par son protagoniste pour se défaire des envahissements qu’on tente de lui imposer. De toutes ces compagnies, une seule l’intéresse, celle de sa défunte femme à qui il adresse tous ses gestes, en plus de quelques lettres.
Si le film de Lehericey gagne en comique par la présence permanente et inévitable des enfants de Germain, cet élément de narration permet finalement aussi de questionner l’infantilisation des personnes âgées, tout en parlant avec humour du deuil, en une temporalité restreinte.

LAST DANCE
Fiction, Delphine Lehericey, Suisse, 2022
85′, VF, 10/12 ans