Cinéma – « La vie acrobate » de Coline Confort
Au cinéma d’Oron, les vendredi 26, dimanche 28 et mardi 30 mai, à 20h – Samedi 27 mai, à 16h
La vie acrobate parle de la résilience d’un couple uni par la performance du cirque puis par celle de toute une vie d’acrobaties, un chemin passionnant et original qui va plus loin que la survie.

Les acrobaties qui précèdent
Le contexte de La vie acrobate est posé dès le début par une interview radiophonique que filme Coline Confort en
commençant par observer la préparation de sa protagoniste, légèrement inquiète alors qu’elle se maquille. Les plans épaules se multiplient alors, laissant hors-champ la chaise roulante de Silke pour se concentrer sur le haut de son corps. Silke Pan est acrobate et contorsionniste depuis son plus jeune âge, une passion qu’elle partage avec Didier Dvorak rencontré sous le feu des projecteurs d’un cirque. Lors d’une répétition, le couple ne parvient pas à se rattraper. S’ensuit une chute de 30 mètres faisant perdre à Silke l’usage de ses jambes. L’acrobate est souple, elle trouve dans la pratique du paracyclisme une source de résilience et un moyen de se réapproprier un corps qui ne lui obéit plus qu’à moitié. C’est alors que sa carrière de paracycliste est à son apogée que la réalisatrice Coline Confort la rencontre et, avec sa confiance, se met à la filmer.
Sur les mains
Lorsque le film débute, Silke Pan est en train de se qualifier pour les jeux paralympiques de Tokyo. Domaine dans lequel elle excelle, le handbike est pour elle aussi synonyme d’obligation, qui se révèle à l’écran lors d’une course décevante, dans laquelle elle dit ne prendre aucun plaisir. Après avoir musclé ses bras et entraîné son mental en handbike, il manque à l’artiste performeuse l’expressivité du cirque. Retrouver la joie de la pratique physique passe ainsi à ce moment-là de sa vie par la reconquête du monde du spectacle, lieu qui lui
permettait d’exceller dans l’expression de soi encore plus que dans la performance physique. Le film de Coline Confort s’attelle ainsi à portraiturer un chemin de résilience allant au-delà de la survie: Silke ne fait pas que surmonter les chocs, mais elle cherche une voie pour vivre pleinement la vie acrobate qui l’anime. La résilience est ici dépassée jusqu’au triomphe qu’est la remontée de Silke sur ses mains, sourire aux lèvres d’un visage lumineux.
Une vie de portés
Au-delà du vécu individuel, le film dépeint l’itinéraire d’un couple ayant traversé le plaisir et la douleur conjointement. L’histoire de Silke Pan est en effet indissociable de celle de son couple ayant traversé ensemble le bonheur de la scène, le drame de la chute, et le travail de résilience de l’après. Des images d’archive des deux protagonistes permettent ainsi de saisir un peu du chemin parcouru ensemble avant le drame, une vie de portés dans les airs des quatre coins du monde. Ces plans sont secondés, vers le milieu du film, par une très belle scène dans laquelle Didier anime des personnages géants émettant des lumières de couleur qui illuminent le visage radieux de Silke. Par ces seules images oniriques entre passé et présent est ainsi évoqué le lien puissant de deux individus qui n’ont cessé et ne cessent de prendre soin l’un de l’autre, quoiqu’il arrive.
« La vie acrobate » documentaire, Coline Confort
Suisse, 2022, 78’, VF, 8/12 ans