Cinéma – La Sirène de Sepideh Farsi
A Abadan, au sud de l’Iran, dans les années 80, le jeune Omid reste seul avec son grand-père en plein siège irakien. Sa mère a fui, son frère est au front, il reste à Omid la nécessité de se positionner face au drame.
L’animation comme remède à la disparition
Sepideh Farsi est connue avant tout pour son travail tant documentaire que fictionnel en cinéma live depuis 1998 avec son premier film Le monde est ma maison. Pour ce film qui la ramène à ses racines puisqu’elle est née en 1965 à Téhéran, il s’agissait pour elle de trouver un mode de représentation apte à recréer un monde disparu : la ville d’Abadan a été presque entièrement détruite par la guerre. L’animation a donc rendu possible le travail de mémoire autant historique que subjectif qu’elle se propose de faire avec « La sirène ». En recréant des images de la guerre non modérées par le gouvernement, la réalisatrice trouve un mode de représentation synonyme lui aussi de résistance, qui lui permet en outre de montrer la brutalité de la guerre sans acculer son public.
La sirène comme une voie
« La sirène » est le nom d’un lenj, un bateau traditionnel du sud de l’Iran, qui permet à son protagoniste de sauver ses concitoyens en fuyant le territoire assiégé. Par ce biais, le titre relaie une voie trouvée hors du siège, et hors du traumatisme qu’il inflige à son protagoniste adolescent. Mais le film est aussi une exploration, de la part du jeune Omid : en sillonnant dans la ville assiégée, il découvre des postures variées face au drame qui est en train de se passer. La trajectoire du personnage est ainsi une recherche, dans ceux et celles qu’il rencontre, d’une voie à suivre. Les divers individus qu’il croise représentent ainsi chacun.e à leur manière une voie à partir desquelles Omid constituera sa trajectoire personnelle.
Le dammam comme son à suivre
Par le biais de l’animation notamment, le film mêle l’histoire à des symboles et à des moments oniriques relatant le vécu intérieur des personnages. Foisonnant, le film l’est aussi d’un point de vue musical puisqu’il mêle le dammam, tambour traditionnel du sud de l’Iran, à du jazz au sein de séquences hypnotiques. La bande originale du film est ainsi un alliage puissant entre des compositions créées par des musiciens iraniens et le compositeur français Erik Truffaz.
charlyne.genoud@le-courrier.ch
La Sirène, Animation de Sepideh Farsi
France, 2023
100’, VOSTFR, 16/16 ans
Au cinéma d’Oron, le samedi 3 février à 18h et le dimanche 4 février à 20h