Suisse miniature
La colère des agriculteurs s’est apaisée en France, sans esclandre, ce qui en soi est un changement notable. En Allemagne, et dans d’autres pays d’Europe, la pression est maintenue. Chez nous, nous continuons à comptabiliser les panneaux inversés et les bottes délaissées avec un esprit bonhomme. Guy Parmelin a compris les doléances des paysans et entend simplifier les procédures administratives. Dans un pays où 10 % de nos parlementaires sont issus du monde agricole, ce problème ne devrait pas en être un.
Pourtant, année après année, les agriculteurs suisses se serrent encore un peu plus la ceinture. Les intermédiaires qui nourrissent la grande distribution continuent à se servir des marges qui se répercutent chez ces derniers… avec leur propre marge. Des accords bilatéraux sont signés dans un saucissonnage qui fait ressembler la potée des restes de la veille à un menu gastronomique. Dans ces accords, qui devraient favoriser l’exportation suisse, on laisse avaler la couleuvre à la production non-industrielle locale.
Qu’échangent donc nos grands politiques et autres chefs d’industrie ? Quel paquet contre quoi d’autre ? Pacte faustien…
Dans cette opacité et ce joyeux fourre-tout, il semblerait que le désir de nos dirigeants soit in fine de faire len-te-ment comprendre au secteur agricole qu’il ne s’agit plus de produire du Gruyère AOP ou de la saucisse au choux mais bien de s’occuper de la carte postale suisse : de bien beaux paysages, de belles montagnes aux flancs desquelles figurent de jolis chalets avec un drapeau et trois vaches… et quelques paysagistes typiques et barbus au milieu. Pour ce qui est du lait, de la viande ou des légumes, nous avons des accords avec des pays qui paient bien moins cher leur esclavage des champs…
La température monte dou-ce-ment dans la casserole et la grenouille n’est toujours pas sortie… encore un peu de réchauffement climatique ?
Comme mentionné en introduction, de nombreux parlementaires sont eux-mêmes fermiers, le secteur agricole devrait donc être entendu. A moins qu’une fois arrivés à Berne, ils ne voient leur région plus qu’en miniature…