Cinéma – Derib, une vie dessinée

Le cinéaste Sébastien Devrient a grandi avec « Buddy Longway », et une fascination prononcée pour son créateur, le dessinateur suisse Claude de Ribaupierre plus connu sous le nom de Derib. Afin de revenir sur la carrière de son idole, le film suit la création de son prochain album : « La Promesse ».
La Dent Blanche comme promesse
Issu d’une famille de peintres et d’artistes vaudois·es, Derib s’empare, du haut de ses presque huitante ans, d’un sujet qu’il n’avait osé s’approprier auparavant : celui de la montagne de la Dent Blanche, représentée dans la majorité des tableaux de son père, François de Ribaupierre. Secondé par son fils, Arnaud, qui assume le scénario de « La Promesse », Derib entame une œuvre intergénérationnelle qui le relie tant à son aïeul qu’à sa progéniture, sous le regard attentif de Sébastien Devrient qui en documente toutes les étapes. Par des témoignages, des archives et des échanges, le réalisateur qui est aussi guide de montagne et spécialisé dans le film d’aventure brosse le portrait de cette figure qu’il admire. Le documentaire qui a mis six ans à voir le jour sort cette semaine en salle, en même temps que l’album « La Promesse », qui sera vendu et dédicacé, lors des Premières du film en présence de Derib ou de son fils Arnaud.
Des Alpes au Dakota
Derib raconte à la caméra de Devrient comment lui est apparu l’ultra célèbre personnage de Yakari, un enfant sioux de la tribu lakota. Sans n’avoir jamais mis les pieds aux Etats-Unis, le bédéiste a bâti toute une carrière sur un ailleurs qu’il a imaginé plus que côtoyé. Devrient révèle comment les montagnes suisses ont servi d’inspiration à Derib. Le lien est dès lors tissé entre les Alpes et le Dakota : Devrient entre en dialogue avec des Lakotas pour leur montrer les œuvres de Dérib. S’ensuivent des conversations plus ou moins intéressantes – et jamais controversées – sur la capacité qu’a eu le dessinateur à parler dans ses bandes dessinées des Etats-Unis et de ses communautés. Si cette intrication entre différents entretiens ne manque pas d’intérêt, le dispositif biographique du film se borne néanmoins la plupart du temps à illustrer un peu platement les propos des intervenants·es. Entre les « talking heads » traditionnels, des plans de coupe assument leur rôle de transitions. Les images de bande dessinée sont filmées d’une manière usuelle, sans que ces dernières amènent plus de force que cela au récit, alors que l’on aurait pu apprécier un film plongeant au cœur de son protagoniste par ce qu’il a passé sa vie à déposer sur papier. Ainsi, le documentaire réunit toutes les informations nécessaires à la compréhension de l’œuvre du bédéiste, mais peine à faire aller au-delà de sa dimension wikipédiesque. Comme cela est fréquemment le cas pour ce genre de documentaire biographique qui tend parfois à l’hagiographie, nul doute qu’il intéressera les fans du protagonistes ou à celles·eux que la thématique intéresse, mais moins à un public en quête d’une œuvre cinématographique à la forme originale.
« Derib, une vie dessinée »
de Sébastien Devrient
Suisse, 2025, vf, 72’
Au cinéma de Chexbres,
samedi 10 mai, à 20h30
en présence du réalisateur
Sébastien Devrient et d’Arnaud Derib
Mardi 13 et mercredi 14 mai, à 20h30
Au cinéma d’Oron,
jeudi 8 mai, à 20h
dimanche 11 mai, 16h