Chexbres – Les 90 ans de Monique Roland
La famille Roland a interprété des chansons que Monique leur avait appris durant leur enfance
Monique, fille d’Ulysse Robert-Charrue et Simone Courvoisier, est née le 2 octobre 1934, est a grandi à Zurich dans une famille d’origine neuchâteloise, entre sa grande sœur Lucienne et son petit frère Michel. Dès son enfance, elle montre une indépendance d’esprit, passant ses journées à jouer dans la rue où elle apprend le suisse-allemand avec ses amis, à grimper aux arbres ou cueillir des champignons avec son père.
Monique s’épanouit dans le scoutisme, qu’elle considère comme une école de vie. Cette formation s’avère très utile lorsqu’elle se marie en 1954 avec Jacques Roland, un jeune pasteur, qu’elle rejoint en Haute-Loire à Montbuzat, où ils vivent dans des conditions rudimentaires. Elle dira souvent que les scouts lui ont plus servi dans la vie que les heures de latin.
En France, Monique donne naissance à quatre enfants, Evelyne, Denis, Nicolas et Sylviane, dont trois naissent dans le presbytère, une maison sans eau courante ni chauffage central, où les tâches domestiques comme la lessive sont particulièrement éprouvantes. Il lui est arrivé de ne pas avoir d’eau dans la maison pendant trois mois et demi et de devoir aller à la fontaine du village, de casser la glace afin de laver les couches des enfants. Par la suite, elle dira souvent que la machine à laver est une invention formidable !
Monique se montre forte face aux défis, gardant toujours son sens de l’humour et sa joie de vivre. Elle apprécie le paysage magnifique, le ciel immense ainsi que l’accueil et la générosité de ces gens qui n’ont pas grand chose, mais qui partagent volontiers. La famille reçoit des légumes, de la viande et parfois des animaux vivants, poules, coqs ou lapins, que Jacques doit tuer sans grand enthousiasme, avant de les manger. Après dix ans à Montbuzat, la famille revient en Suisse, à Prilly, où naît la petite dernière, Isabelle.
Monique continue d’élever ses cinq enfants tout en s’impliquant dans la vie paroissiale. Elle aime particulièrement s’occuper des jeunes, organiser diverses activités dans le cadre du catéchisme. Ce n’est pas tout simple pour elle de constater qu’en Suisse rien n’est fait pour aider les femmes à reprendre des études ou à travailler, ce dont elle rêvait.
En 1974, la famille déménage dans la grande cure de Vufflens-la-Ville où il y a toujours de la place à table pour des invités, les amis des enfants ou des personnes de passage. Monique est ravie de retrouver la campagne et se met au jardinage. Elle considère le jardin comme une école de vie qu’elle compare à sa foi, avec des doutes, des échecs et de belles réussites.
La cure étant grande, les enfants prenant petit à petit leur envol, Monique et Jacques accueillent toutes sortes de personnes en rupture sociale pour de courts ou plus longs séjours.
Ce n’est qu’à 48 ans que Monique finit par reprendre des études pour devenir diacre, affirmant ainsi son désir de collaborer davantage avec Jacques dans le ministère.
A la retraite, Monique et Jacques s’installent à Brenles, à côté de leur fille aînée Evelyne et sa famille, profitant de la simplicité d’une vie de
village, où ils s’inscrivent au chœur mixte et se font de belles amitiés.
Malheureusement, Evelyne décède d’un cancer en 2010, un coup dur pour Monique. Le couple retrouve Prilly en 2011 et Jacques décède en 2014, après 60 ans de mariage.
Malgré les épreuves, Monique continue sa vie seule, toujours positive, « ça chante sans arrêt dans ma tête » dit-elle.
Elle se sent bien, entourée par ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants.
Depuis le 1er juillet de cette année, Monique est à l’EMS de la Colline à Chexbres où elle admire le magnifique paysage, apprécie la gentillesse du personnel ainsi que la bonne nourriture !
Aujourd’hui, à 90 ans, elle reste une source d’inspiration, positive, toujours ouverte sur le monde, sans jugements et en acceptant les différences. Elle a montré qu’avec de l’amour, du
courage et un peu de débrouillardise la vie est belle, même à travers les épreuves.
Les autorités de Chexbres représentées par le président du Conseil communal, Jean-Luc Dutoit, et la secrétaire municipale adjointe Pascale Joris, sont venues lui souhaiter un bon anniversaire et lui apporter des cadeaux bien mérités, dont un exemplaire imprimé le jour de sa naissance, le 2 octobre 1934, du journal la Gazette de Lausanne. Le tout embelli par la chanson l’Auvergnat de Georges Brassens interprété par Jean-Luc Dutoit à la guitare et repris en chœur par toute l’assemblée. Un moment magique en souvenir de toutes les années
passées à Montbuzat en pays auvergnat.
Valéry Ponsar, directeur de l’EMS La Colline, lui a également apporté un cadeau au non de l’institution. Et l’aumônier Bruno Duarte a souligné que pour Dieu, un nonantième anniversaire est le commencement d’une vie éternelle dans le cœur des être aimés.
Sa fille Sylviane a relaté ce long parcours de vie dont elle a pu tirer moult renseignements d’un grand cahier que Monique a commencé à écrire dès l’âge de 65 ans. Et pour clore cet anniversaire en chansons, la famille Roland a interprété des chansons que Monique leur avait appris durant leur enfance.
Un très bon moment de partage !