C’est à lire – Le cake au citron
Emmanuelle Ryser – Editions Lemart
Monique Misiego | La vie, c’est comme un cake au citron, il y a des moments doux, puis il y a des moments plus acides, comme le citron. L’acide et le sucré, le bonheur et le malheur. Autant vous le dire tout de suite, il s’agit d’un deuil, de la mort de sa mère. Une mort lente, de maladie, pas de celles si subites qu’on a de la peine à réaliser. Là, il a fallu accepter la maladie, accompagner sa mère, devenir son parent, les rôles inversés, la déchéance, la préparation des obsèques, tout ce que nombre d’entre vous ont déjà vécu. Et perdre sa mère, ce n’est pas anodin, c’est peut-être enfin grandir, enfin devenir l’adulte tout court, ne plus être l’enfant de. Quand on perd son dernier parent, c’est une douleur mais c’est le dernier maillon qui nous rattachait à notre statut d’enfant. Emmanuelle Ryser nous parle de cet accompagnement, de cette maman qui est partie, des copines qui n’osent plus aborder le sujet, de la famille qui vient pleurer sur votre épaule alors que votre deuil parait tout de même plus important. Mais elle nous parle aussi des termes utilisés, par exemple, cette personne s’est éteinte, on ne s’éteint pas, on meurt, on crève, et parfois dans d’atroces douleurs. De ce corps médical qui n’est pas toujours à l’aise avec la mort, qui n’a pas toujours les paroles adéquates. De ceux qui trouvent les mots aussi, qui visent juste, qui savent apporter du réconfort. Il y a des livres comme cela qui ne sont pas tristes malgré le sujet abordé. Et en ces temps difficiles, loin de moi l’idée de vous saper le moral. Celui-là aurait même tendance à vous le remonter le moral ! Pour tout vous dire, j’ai bien aimé, parce qu’il y a tout, tout ce qui touche à la mort. Mais ce n’est pas triste, c’est juste réaliste et traité avec sensibilité. Je vous avais déjà parlé de « Losanna Svizzera », de la même auteure, et ses écrits en valent la peine. Elle va à l’essentiel, en effleurant plusieurs aspects du sujet mais sans jamais trop s’attarder. Emmanuelle Ryser est journaliste de formation, née à Lausanne. Elle a fait des mots son métier puisqu’elle propose des stages et des ateliers d’écriture. Elle propose aussi des récits de vie pour les personnes qui ne seraient pas à l’aise avec l’écriture. Ceci est son premier roman, j’aimerais beaucoup qu’elle en fasse d’autres puisque contrairement à d’autres auteurs au passé journalistique, elle sait laisser de côté la méticulosité factuelle pour rendre ses écrits intéressants. En clair, je recommande !