Carrouge – Le siècle de Georgette Debétaz
Fidélité et engagement sont deux constantes dans la vie de cette citoyenne
Martine Thonney | Il était une fois, il y a juste un siècle, dans un village joratois, une famille qui vivait dans une ferme. Les parents, Justin et Marie Porchet-Regamey et leurs enfants Marthe, Paul et Justin furent heureux de la naissance de la petite Georgette, née un 26 février.
Non, ce n’est ni le début d’un conte ni d’une légende, mais bel et bien le commencement d’une histoire véridique. Et ce 26 février 2022, la famille et les proches ont entouré Georgette Debétaz à l’occasion de son centième anniversaire. Pour la partie officielle, le préfet du district Daniel Flotron, le syndic de la commune Patrice Guenat et la municipale Muriel Préti ont salué la jubilaire de la part des autorités cantonales et municipales. Ils ont formulé les voeux de circontance et offert les cadeaux les accompagnant. « Quelle épopée ! » m’a soufflé Georgette en n’y croyant à peine. Pleine de bon sens, d’une mémoire à toute épreuve, la jubilaire raconte les événements passés avec bonhomie et simplicité.
Ses parents étaient de petits paysans habitant au lieu-dit l’Ecorcheboeuf. Georgette alla à l’école dans son village de Carrouge. Elle aurait bien voulu suivre l’école ménagère à Moudon mais dut y renoncer car les frais d’écolage et de transport étaient trop élevés pour la bourse familiale. Georgette a alors aidé sa famille et surtout sa grand-maman qui faisait les marchés à Lausanne; le char et le cheval ainsi que le tram qui reliait Moudon au Tunnel étaient les moyens de locomotion utilisés. De 1943 à 1948, elle continua seule les marchés de Lausanne pour faire plaisir à sa grand-maman malade. Elle travailla aussi au « Champ de l’Air » tout près du CHUV actuel. Il y avait un émetteur-radio surmonté d’une station météo. C’est dans cette dernière qu’elle était en charge des relevés (force des vents, durée d’ensoleillement…) et des nettoyages du local. En 1947, Georgette épousa André Debétaz. Bernard puis Marinette agrandirent ensuite la famille. Georgette Debétaz travailla avec énergie toute sa vie; en plus de sa place de femme au foyer attentive, de son jardin – un modèle du genre -, des poules, lapins et moutons, elle alla de place en place chez les paysans qui la réquisitionnaient pour les foins, les regains, les pommes de terre. Elle fut responsable du pesage du lait au local de coulage de l’Ecorcheboeuf. Jusqu’à 15 producteurs y livraient le lait produit sur leur ferme. 7 jours sur 7, chaque matin et chaque soir, Georgette était à la manoeuvre et cela pendant 42 années. Elle tenait la comptabilité, vendait quelques produits laitiers et chargeait les boilles sur le wagon du tram qui les acheminait à la Centrale laitière jusqu’en 1963, puis les camions prirent le relais (La Centrale se trouvait alors à la place de l’actuel Hôtel de Police lausannois…). Pendant 17 ans, elle s’occupa du ménage de la Centrale téléphonique de la Croix d’Or.
Georgette Debétaz est devenue veuve en 1993 et resta seule dans sa maison jusqu’en 2003, date à laquelle son fils et sa belle-fille se sont installés après la rénovation des lieux. Georgette peut ainsi demeurer chez elle avec leur aide précieuse. Elle est aussi grand-maman et arrière-grand-maman d’une petite Ernestine qui fait son bonheur. Fidélité et engagement sont deux constantes dans la vie de cette citoyenne. Nous la remercions, la félicitons et lui souhaitons un bel anniversaire.