Bourg-en-Lavaux – Pourquoi l’A9 est sans cesse en travaux ?
Annoncé il y a deux semaines, le tronçon autoroutier entre Lausanne-Vennes et Chexbres sera en chantier jusqu’en 2028. Réduction de vitesse et hausse des nuisances sont au programme pour assainir les infrastructures entre ces deux jonctions. Explications.
Ce ne sont pas les chantiers qui manquent à Bourg-en-Lavaux. Après la nouvelle gare et ses bâtiments voisins, le chauffage à distance, le futur agrandissement de l’hôpital de Lavaux, voici l’assainissement de l’A9. Conscientes des désagréments que peut engendrer une telle opération, les autorités communales et l’Office fédéral des routes (OFROU) ont mis sur pied deux soirées d’informations publiques. L’occasion de recueillir les inquiétudes des citoyens et de dévoiler le dispositif antibruit qui sera mis en place.
Tronçon délicat
22 ponts, 4 tunnels, 99 murs, 60’000 véhicules chaque jour, voici une des raisons pourquoi l’A9 entre Vennes et Chexbres subit régulièrement des travaux. A cela, il faut ajouter l’âge de l’infrastructure et la complexité des lieux : « Ce tronçon est complexe en raison des pentes importantes et du manque de place » lance Frédéric Rondeau, chargé de projet à l’OFROU. « Notre mot d’ordre est de maintenir les deux voies la journée afin d’éviter l’engorgement des villages voisins ». Après l’important chantier à Chexbres qui arrive à terme, les ouvriers des routes s’attaquent cette année au secteur de Cully. Des opérations qui ont déjà débuté, puisque diverses installations de chantier et de gestion du trafic sont d’ores et déjà visibles : « Une base de vie prendra forme au niveau du restoroute de Lavaux. La passerelle permettant d’enjamber l’A9 à pied sera également rénovée, mais pas cette année » ajoute Frédéric Rondeau. « Quatre grues seront bientôt montées entre les deux tunnels pour déplacer du matériel. »
Pour 2024, les travaux se concentreront principalement sur les tunnels de Chauderon et de la Criblette. Prévue jusqu’au mois de novembre, la technique utilisée pour assainir ces deux ouvrages est singulière : « Il s’agit de démolir partiellement les tubes avant de les assainir à nouveau. Le rendu permet d’obtenir des infrastructures presque neuves ». Une sorte d’échafaudage qui s’apparente à un sarcophage fixé aux parois des tunnels permettra de travailler de jour comme de nuit, et ce, dès ce mois de juin. Les véhicules pourront circuler à 60 km/h la journée et à 80km/h la nuit. « Du lundi au samedi, de 20h30 à 4h30, le trafic sera concentré sur une seule chaussée » nous apprend la présentation de l’OFROU.
Objectif : pas plus de bruit
71 décibels, c’est la moyenne du bruit généré par l’A9 dans le secteur. Armé de sonomètres, le personnel de l’Office fédéral des routes a effectué des mesures hors période de travaux. La gestion du bruit est un élément important de ce projet. Sur les 34 millions de francs que comptent les travaux de l’A9 pour 2024 (180 mios au total), un million est destiné à la construction de quatre boucliers antibruit : « En 2024, c’est la chaussée montagne qui sera réaménagée. Tandis que les tunnels du côté Léman seront rénovés en 2027. Ces portails de protection sonore seront installés aux extrémités des tubes afin de ne pas dépasser la moyenne de 71 décibels » détaille Olivier Floc’hic, responsable communication à l’OFROU.
Après la menace écartée de voir les villages voisins engorgés en cas de fermeture de l’A9, le bruit reste une des craintes importantes pour les autorités communales. Pour Jean-Christophe Schwaab, municipal en charge de la mobilité, ces boucliers de protection sonore sont bienvenus, même si un chantier de cette ampleur génère des inconnues : « Nous sommes satisfaits de voir que l’OFROU fait le maximum pour éviter l’augmentation des nuisances. Mais il faut être honnête envers les riverains, la période des travaux ne sera pas la plus agréable ». Pour le membre de l’exécutif, les vibrations créées par les machines doivent également être prises en considération. A ce titre, l’OFROU a défini une zone à risque : « Un état des lieux des alentours sera effectué avant de débuter les travaux dans les tunnels. En cas de fissure d’un mur dans une habitation par exemple, il sera possible de nous signaler un dommage » souligne Frédéric Rondeau. Les habitants peuvent prendre contact avec le personnel de l’OFROU afin de savoir si leur habitation se trouve dans le périmètre à risque. Des visites sont également au programme.
Moins de bruit pour plus de véhicules
Si les revêtements phonoabsorbants sont toujours plus communs sur les routes suisses, les autoroutes helvétiques ne suivent pas le même destin :
« Ce type d’enrobé est trop fragile. Mais la future A9 sera équipée d’une chaussée à faible émission sonore » précise Olivier Floc’hic. « Le bruit généré par le passage des véhicules sera diminué de trois décibels. Cela peut paraître peu, mais en réalité, il s’agit d’une diminution de moitié. Et ce, malgré la hausse du nombre de véhicules envisagée à l’horizon 2040. »